REPORTAGE. Enigme, mafia, Japon: visite dans les coulisses de la création d'un escape game unique à Toulouse

Un nouvel Escape Game est en préparation à Toulouse (Haute-Garonne). Concept unique : les enquêtes se déroulent dans un monde ouvert, celui de la mafia japonaise. Visite guidée des coulisses de ce nouveau monde en construction.

Des ruelles sombres bordées d’échoppes japonaises. Sur les murs, des graff’, des lanternes rouges, ou encore des publicités faites de kanji (des caractères japonais). Difficile à croire, mais pour visiter cet univers retro-futuriste, inutile de quitter Toulouse. 

Une zone de non droit

Au nord de la ville, deux frères travaillent depuis des mois à la création d’un quartier asiatique. Restaurants, boutiques et même un commissariat abandonné. Chaque détail est étudié pour plonger le visiteur loin de la vie toulousaine. Un univers gangrène par la mafia, abandonné par la police. Une zone de non droit où les mystérieuses disparitions se succèdent.

Des disparitions que vont devoir résoudre les volontaires. Car cet univers exotique et dangereux a entièrement été imaginé pour le plaisir des joueurs. Des passionnés d’escape game, experts dans la résolution d’énigme. 

Un concept unique

Avec une soixantaine de salles dans la ville, Toulouse est incontestablement une ville de joueurs. Le principe de l’escape game ? Résoudre en équipe, une succession d'énigmes afin de dénouer un mystère et pouvoir sortir de la salle dans le temps imparti (une heure en général). 

Romain et Rémy Durand sont à la tête d’Enigma Escape : 2 sites et 8 salles différentes à Toulouse. Mais avec leur nouvelle création, les deux frères veulent casser les codes. “Nous voulions proposer une immersion totale”, explique Romain Durand. “Les gens, aujourd’hui, recherchent une expérience. Ils veulent vivre un truc inédit dans un escape. Nous voulons leur faire oublier le fait qu’ils soient dans une salle pour les faire entrer dans une autre réalité.” 

Et le pari est réussi ! Le joueur est plongé dans l’univers dès le parking. Une fois entré, difficile de ne pas perdre de vue que c’est une salle tant les détails sont bluffants, du sol au plafond… jusqu’aux traces de pattes d’oiseau ou de chat dans le sol et aux fausses plaques d’égouts. Rien n’est laissé au hasard.

Un univers pour 6 missions  

Le “quartier asiatique” s’étend sur 850 m2. A l’intérieur, 6 missions seront à réaliser, une par séance d’escape. Et nouveau fonctionnement : ce sont aux joueurs de trouver comment entrer dans les lieux pour démarrer la mission. L’escape game évolue, et suit la tendance des jeux vidéo. “C’est un escape game en monde ouvert où plusieurs équipes de joueurs vont pouvoir se croiser au même endroit et réaliser des missions totalement différentes”, s’enthousiasme Rémy Durand, le co-créateur. “Il y aura des missions très diversifiées comme résoudre des enquêtes criminelles ou de l’infiltration.”

Autre nouveauté : exit les cadenas à codes ou les clés à rechercher pour ouvrir des codes, les concepteurs promettent des énigmes nouvelle génération et des mécanismes électroniques. Des acteurs seront aussi sur place pour interagir avec les joueurs. “L’escape game avait, jusqu’à présent, des codes très précis”, poursuit Rémy. “On parlait de 60 minutes pour sortir, des indices envoyés par le game master. Et soit les joueurs réussissent, soit ils échouent. Là, nous sommes sur autre chose.”   

Nous sommes sur une expérience libre. Nous voulons vraiment faire ressentir aux joueurs des sensations, une émotion, quelque chose d’incroyable.

Rémy Durand, co-gérant Enigma Escape

Un investissement sans précédent

Pour réaliser cet escape game hors normes, Romain et Rémy ont travaillé dessus pendant 2 ans. Ils y ont investi environ 1 million d’euros. 400 000 euros de budget une fois déduit l’achat des bâtiments. C’est plus de 3 fois le budget investi pour l’escape précédent : le manoir de Alexander. 

Ce dernier avait demandé un mois de travail pour l’écriture du scénario. Près de 4 mois ont été nécessaire pour le nouveau. “Nous nous sommes enfermés tous ensembles avec l’équipe à la montagne, dans la vallée du Louron”, relate Romain Durand. “Pendant tout un week-end, nous avons travaillé sur la trame du scénario.”   

Un monde entièrement fabriqué sur place

Du scénario à la fabrication, en passant par les mécanismes des énigmes, tout l’univers de cet escape est fabriqué sur place. Les ateliers sont installés au rez-de-chaussée du bâtiment.

“Nous avons une emprise totale sur la production”, précise Laurent, le directeur artistique. “La conception se fait sur l’ordinateur, et ensuite, en fonction des besoins, on découpe du vinyle, du plexiglas, du bois… Nous sommes équipés d’imprimantes 3D, d’imprimantes résine et de graveuses, tout ce qu’il faut pour construire le décor.” Pour la conception, les créateurs se sont inspirés de nombreux ouvrages sur la culture et l’architecture japonaise.

Cette nouvelle salle d’escape game doit ouvrir ses portes à l’été 2023. Seuls les 2 premiers scénarios seront accessibles. Pour les missions 3 et 4, il faudra attendre la fin de l’année. Le 6e et dernier scénario sera disponible bien plus tard.