Toulouse accueillait aujourd'hui une réunion entre les ministres européens en charge des questions spatiales. Emmanuel Macron y a prononcé en début d'après-midi un discours sur les ambitions de l'Europe dans l'espace. Les explications de Murielle Lafaye, responsable du pôle "intelligence économique" au CNES.
Emmanuel Macron était cet après-midi à Toulouse, pour une réunion sur le thème de la politique spatiale avec les ministres en charge de ces questions pour les 27 pays membres de l’Union Européenne.
Lors de sa prise de parole, le Président de la République a jugé que l’Europe avait pris du retard, par rapport à d’autres puissances, dans le domaine spatial. Un retard qui ne serait pas une "fatalité" pour autant selon le locataire de l’Elysée, à condition que l’Union Européenne revoit à la hausse ses ambitions dans l’espace.
Revenons sur les grands axes de son discours avec Murielle Lafaye, responsable du pôle "intelligence économique" au CNES, le Centre national d’études spatiales.
Emmanuel Macron a insisté sur le besoin de retrouver plus de souveraineté dans le domaine de l’espace pour l’Europe. Et cela passe notamment par la construction de lanceurs européens. Pourquoi ces outils sont-ils indispensables pour notre souveraineté ?
L’Europe ne serait pas une puissance spatiale de premier plan si elle ne disposait pas d’un aspect autonome à l’espace. C’est pour cela que l’on a besoin de lanceurs, c’est la pierre angulaire de toute politique spatiale. Ils permettent de déployer nos propres infrastructures, de garantir ainsi notre avancée technologique et scientifique, tout comme notre souveraineté industrielle et militaire
Grâce à cela, on ne dépend pas des autres et c’est important car l’espace est partout dans notre vie quotidienne : pour accéder à internet, pour nos communications, nos transactions bancaires… Il nous sert aussi dans le domaine de la sécurité civile, de l’agriculture, de la météo, par exemple.
Un des autres grands enjeux pour l’Europe, selon le Président de la République, est de parvenir à réguler l’espace car il ne doit pas être "une zone de non droit". Pourquoi est-ce si important ?
C’est important car actuellement on assiste à une prolifération de satellites en orbite basse, lancés par de nouveaux opérateurs de télécommunications spatiales. Plus de 1500 objets ont ainsi été envoyés dans l’espace l’année dernière. Mais ces derniers peuvent générer des débris quand ils ne fonctionnent plus et cela peut être dangereux pour de futurs lancements, surtout s’il s’agit de vols habités avec des astronautes à leur bord.
Donc là se pose la question d’un usage pérenne et durable de l’espace. Il faut arriver à gérer le positionnement de ces satellites, mais aussi réussir à les retirer de leur orbite avant qu’ils ne soient plus fonctionnels. Savoir qui est dans l’espace et qui fait quoi dans l’espace est donc très important pour assurer cette gestion.
Les travaux de recherche dans l’espace peuvent également nous aider à lutter contre le réchauffement climatique d’après Emmanuel Macron. Comment peuvent-ils être utiles ?
L’espace permet des observations à différentes échelles : du plus global au plus précis. Donc cela permet de travailler à des échelles locales, régionales, nationales et internationales.
Grâce à l’espace nous pouvons suivre le changement climatique. On peut mesurer par exemple le niveau des mers et des océans, les émissions de CO2 et gaz à effet de serre. Nous pouvons aussi modéliser des phénomènes climatiques violents et ainsi pouvoir les anticiper. Ce sont des données clés et il y a un enjeu : les utiliser pour réussir à mettre en œuvre des politiques publiques ambitieuses pour le climat.