Déconfinement : les gérants de discothèques "exclus et oubliés" attendent de l’Etat un geste financier fort

L’ouverture des discothèques n’est pas au programme du plan de déconfinement. Un coup dur pour les gérants de discothèques qui se sentent "exclus et oubliés" du dispositif. En grande difficulté économique, les professionnels du secteur attendent de l'Etat un accompagnement plus adapté.

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"Exclus et oubliés" du plan de déconfinement annoncé par le président Emmanuel Macron, les gérants de discothèques attendent de l’Etat un geste financier fort. Au bord de l’asphyxie et toujours sans aucune perspective de réouverture, ils attendent du gouvernement des gestes financiers forts avec un accompagnement spécifique lié à leur secteur d'activité.

"La situation économique est catastrophique, nous sommes fermés depuis le 16 mars 2020 et nous n’avons aucune perspective d’ouverture, nous sommes les oubliés du déconfinement", explique Yvo Danaf, gérant de la discothèque "Le Purple" à Toulouse et président du syndicat de l'Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie(Umih) en Haute-Garonne.

En France, sur 1654 établissements, plus de 130 sont en liquidation judiciaire et 400 pourraient disparaître selon Patrick Malvaës, Président national du syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL). La Haute-Garonne compte elle, 60 discothèques, pour l’heure peu de dépôts de bilan déclarés précise Yvo Danaf, mais  les établissements sont au bord de l’asphyxie. "Nous sommes sous perfusion depuis plus d’un an", précise le responsable du Purple à Toulouse, les gérants de ces établissements tirent la sonnette d’alarme et demandent à l'Etat un accompagnement plus significatif.

Le syndicat SNDLL vient de proposer un plan d’action au ministre délégué en charge des PME, Alain Griset.

 La participation de l’Etat au travers des aides ne suffit plus, il faut un vrai accompagnement  des professionnels du secteur, un accompagnement à la carte.

Yvo Danaf, gérant de la discothèque "Le Purple" à Toulouse

"A part les discothèques en plein air, je ne vais pas rouvrir au moins avant septembre. Pour tenir, l’Etat doit mettre en place un accompagnement spécifique du secteur. Nous sommes des chefs d’entreprises, nous avons fait d’énormes investissements, comme tout le monde nous avons des familles à faire vivre, des crédits à honorer mais nous n’avons aucune rémunération car pas de bénéfices, les aides de 1000 à 15000 euros ne sont pas suffisantes, on va à la catastrophe", précise Yvo Danaf.

"Un plan d’action" proposé par le secteur

Suite aux annonces du dispositif de déconfinement par Emmanuel Macron dont la mise en place est prévue le 19 mai prochain, le SNDLL n’a pas manqué d’exprimer son sentiment d’exclusion. Les professionnels du secteur se disent "oubliés et exclus" et passent à l’attaque en proposant "un plan d’action discothèques" au ministre délégué en charge des PME, Alain Griset.
Les professionnels du secteur demandent entre autre l’autorisation pour les clubs d'ouvrir les espaces extérieurs avec des protocoles stricts identiques à ceux mis en place récemment à New York. Ils demandent aussi un meilleur accompagnement pour éviter les fermetures en cascade, le maintien des aides après la réouverture et l’allongement de la durée du prêt garanti par l'Etat (PGE).

"L’accompagnement s’est effectué en trois phases", précise Yvo Danaf, gérant de la discothèque Le Purple à Toulouse et président du syndicat Umih de Haute-Garonne. "De mars à mai 2020, nous n’avons perçu aucune aide. Les premières apports sont arrivés de juin à novembre 2020 et depuis décembre nous bénéficions du fond de solidarité, c’est-à-dire une rémunération calculée sur 20% du chiffre d’affaires. Je comprends parfaitement la situation de crise sanitaire et les impératifs du gouvernement à protéger les populations mais les dispositifs actuels ne sont pas suffisants et nos entreprises ont en danger".

"Soyons honnête, une discothèque est un lieu de rencontre, de lien social, la musique est forte, on ne se parle en restant à un mètre de distance qui plus est masqués, les gestes barrières sont difficiles à mettre en place il faut arrêter de rêver... Donc, pas d’ouverture possible on peut le comprendre mais le gouvernement n'a pas prévu d'accompagnement spécifique et c’est regrettable, les discothèques restent fermées, c’est même pire que d’être oubliés".

Francis Aribaud, gérant de la discothèque "Planète Rock" à Toulouse et représentant du syndicat SNDLL en Haute-Garonne partage le même sentiment. "Certaines grosses structures paient entre 30 000 et 40 000 euros de loyers par mois et le fond de solidarité ne suffit pas à préserver l’équilibre économique. La situation est très angoissante, on manque sérieusement de perspective".

"Le PGE est un piège", explique-t-il, " J’en ai contracté un, pendant un an vous êtes exonérés mais après il faut rembourser, cela se fait sur quatre ans avec des échéances malheureusement plus élevées. Sans le PGE, on aurait plongé, il faut le reconnaître mais à la reprise cela va être très très compliqué, nous avons épuisé nos réserves et il faut que le gouvernement accompagne les gérants des discothèques. Nous avons toujours joué le jeu, on ne demande pas une réouverture immédiate mais on attend des gestes financiers forts de la part de l’Etat".

Selon le collectif "Restons ouverts", le secteur permet de faire vivre directement 25 000 personnes en France, des fournisseurs au personnel de sécurité jusqu’au VTC, c’est toute une économie qui se retrouve en difficulté.

"Deux poids, deux mesures"

Dans le dispositif de déconfinement annoncé par le chef de l’Etat Emmanuel Macron, les salles de spectacles pourront à nouveau accueillir du public avec une jauge de 5000 personnes dès le 9 juin prochain. "Nous ne sommes pas pour leur fermeture, il n’y a pas de jalousie", explique inquiet Francis Aribaud.

"On craint que certains établissements fassent notre métier sans en avoir les contraintes. Les rassemblements dans ces établissements sont importants et on redoute la propagation du virus car au final ce sont les gérants des discothèques qui en paieront les conséquences. Si le taux de contamination augmente on nous dira alors que l’on ne peut toujours pas rouvrir, ce serait la catastrophe pour nous qui respectons les règles depuis le départ, il y a deux poids deux mesures, nous avons été les premiers fermés nous serons les derniers ouverts".

Fonds de commerce : la peur de la double peine

Les gérants des discothèques ont lourdement investi et se sont endettés, leurs établissements restent fermés en raison de l’épidémie de coronavirus et les perspectives de réouvertures sont pour le moment inexistantes.  

On a mis toute notre vie dedans et avec la crise sanitaire tout est remis en question. En fin de carrière, les commerçants s’appuient sur leur fonds de commerce. En le vendant c’est le moyen d’assurer sa retraite mais là il va falloir tout reconstruire car nous sommes endettés, c’est un peu la double peine. 

Francis Aribaud, gérant discothèque Planète Rock à Toulouse

"La mise en place du chômage partiel pour les salariés c'est formidable mais nous les gérants d'établissements, nous sommes étranglés", précise Francis Aribaud, gérant de la discothèque Planète Rock depuis 27 ans.

Malgré tout Francis Aribaud reste positif, "quand tout sera terminé on va vivre une période que j’appelle les années folles, on va avoir deux ans de folie".

En France, des maires et des présidents de région apportent leur soutien aux professionnels du secteurs et demandent à l'Etat la réouverture des discothèques cet été. 

En France, des maires et des présidents de région apportent leur soutien aux professionnels du secteurs et demandent à l'Etat la réouverture des discothèques cet été.

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