Fabian Ordonez, père des deux rappeurs toulousains Bigflo et Oli, enregistre un album de chansons « latino » produit par ses deux fils.
Un studio d’enregistrement au fond d’une impasse de Villeneuve-Tolosane, dans la banlieue de Toulouse. Pour décor, une série d’étuis de guitare alignés dans l’entrée; Bob Marley, et Jimmy Hendrix sur des posters accrochés aux portes des salles capitonnées… Et bien sûr, les albums en format vinyle de Big Flo et Oli qui trônent sur une armoire à côté de la console de mixage.
Un album intimiste
Derrière le micro , Fabian Ordonez, casquette vissée sur la tête, susurre tantôt en français, tantôt en espagnol, les paroles de « Un historia de Amor », un classique du répertoire sud-américain, repris naguère par Dalida, Césaria Evora ou encore Luz Cazal.Une voix claire, parfaitement ajustée aux contours de la mélodie, vient se caler sur les rythmes latinos impulsés par la guitare, la contrebasse et les percussions.
« L’idée de l’album est venue de mes fils » raconte Fabian Ordonez, le « Papa » que les deux rappeurs toulousains ont rendu si populaire par la grâce d’un titre éponyme devenu un tube, et d'un clip visionné plusieurs millions de fois.
"Ils m'ont demandé de faire un album intimiste, comme quand je sortais la guitare après les repas de famille, ou avec des copains, des morceaux que je chante depuis que je suis parti d'Argentine."
« El padre » de Bigflo et Oli a quitté son pays d’origine à la fin des années 70, à l’âge de 19 ans, pour suivre une troupe de chanteurs et de danseurs argentins en partance pour une tournée en Europe. Une vie de bohème, qui passe par la Provence. Il y rencontre un mexicain qui lui parle alors de Toulouse, de son ambiance festive, de ses nombreux cafés-concerts, de sa communauté espagnole et sud-américaine… Nous sommes en 1986, Fabian Ordonez, pose ses valises, et son étui de guitare, dans la ville rose. Il y rencontre celle qui deviendra son épouse. Le couple aura deux fils, Florian (Bigflo) et Olivio (Oli).
Le Barrio Latino, première scène de Bigflo et Oli
Dans les années 90, il devient co-gérant d’un lieu incontournable de la nuit toulousaine, le « Barrio Latino », dans le quartier Croix-de-Pierre. Des musiciens s’y retrouvent régulièrement pour jouer de la salsa… Un groupe baptisé « Fabian Ordonez y su Salsa » aligne les concerts les week-ends. Florian et Olivio – devenus Bigflo et Oli- feront au Barrio Latino leurs premiers pas sur scène.
Mais pas de couleur véritablement "salsa" dans cet album que livrera Fabian dans quelques semaines. On y trouvera des rythmiques typiques d'Amérique du Sud - cumbia, tch-tcha-tcha, boléro- pour accompagner des reprises ("La Javanaise" de Serge Gainsbourg, "Ô Toulouse" de Claude Nougaro, accompagné par le guitariste Serge Lopez.)
A chaque reprise, j'essaie de donner un côté "latino", un côté espagnol, quelque chose qui sort de la version originale." raconte le guitariste-chanteur entre deux prises assurées par Alejandro Riquelme, un complice chilien de longue date, arrangeur et mixeur de cet album chapeauté par la maison de disques Universal.
Une nouvelle vie
Le disque, produit par ses deux fils, qui interpréteront un titre en sa compagnie , est également nourri de compositions retraçant son histoire, son parcours, et sa double-culture franco-argentine."C'est une aventure formidable qui m'arrive, à presque 60 ans, j'ai l'impression de commencer une nouvelle vie.
Le but, c'est que les gens qui m'ont connu dans la chanson "Papa" découvrent ma voix, ma personnalité, qu'ils me voient non pas seulement en tant que père de Bigflo et Oli, mais en tant que chanteur, tout simplement."