Rahim Namazov a été grièvement blessé par balles et son épouse a été tuée ce vendredi à Colomiers près de Toulouse. Il était arrivé à toulouse en 2010 et se présentait comme un journaliste fuyant son pays, l'Azerbaïdjan. Mais des zones d'ombre subsistent.
Qui est Rahim Namazov, l’homme visé par les tirs ce vendredi à Colomiers ? Lorsque nous l’avions rencontré, à son arrivée à Toulouse en septembre 2010, il se présentait comme un journaliste en exil. Arrivé d’Azerbaïdjan avec sa femme et ses deux enfants, il n’avait que deux valises et un sac de sport pour tous bagages. Il se disait alors menacé dans son pays pour avoir notamment dénoncé plusieurs fois le régime en place.
" J’ai commencé à avoir de sérieux ennuis en juin 2010 " déclarait-il alors à France 3, "quand dans un article j’ai donné le résultat des élections qui allaient avoir lieu cinq mois plus tard pour montrer qu’elles étaient fabriquées et que ce serait le parti du président qui allait gagner. D’ailleurs, c’est ce qui s’est passé ". Il indiquait aussi avoir reçu des menaces de mort : "une personne haut placée m'a dit si tu ne pars pas, t'es foutu et ta famille aussi".
De récentes menaces de mort
Huit ans plus tard, il vit dans un quartier résidentiel de Colomiers, avec désormais trois enfants. C’est au commissariat de sa ville qu’il dépose plainte, il y a deux semaines, après avoir reçu des menaces de mort par téléphone. Aux enquêteurs du SRPJ, il explique que les menaces reçues depuis peu pourraient "être en lien avec son activité de journaliste qu'il avait exercé dans son pays d'origine et qu'il poursuivait en France sur des réseaux sociaux" indique ce vendredi le Parquet de Toulouse.Des doutes sur son activité de journaliste
Pourtant, selon Reporters sans Frontières (RSF), "à l'heure actuelle, il ne peut être établi qu'il existe un lien entre les tragiques crimes le visant lui et son épouse" et "de quelconques activités journalistiques ". Joint par France 3, Yohann Bihr, responsable de l'Europe et le Moyen-Orient chez RSF, indique que l’association n’a aucun élément qui permette d’affirmer ou infirmer que Rahim Namazov est bien journaliste. Mais il renvoie vers plusieurs messages publiés ce vendredi sur Facebook par Khadija Ismaïlova, une journaliste d’investigation emprisonnée à plusieurs reprises en Azerbaïdjan en qui son association a toute confiance. Celle-ci affirme que Rahim Namazov n’est pas journaliste. "Il prétendait en être un" dit elle, "apparemment pour une demande d’asile". "Il a ensuite prétendu être de la mafia" pousuit-elle et "s'est confronté sur Youtube/Instagram à un vrai mafieux - Loto Guli- récemment sorti de prison. Chacun a promis de tuer l'autre. (...) Cet assassinat était peut être une vengeance. Ce qui est sûr c'est qu'il n'était pas journaliste."De son côté, Le Monde indique que selon plusieurs sources, Rahim Namazov serait un ancien militaire. Il aurait selon le journal, "en réalité collaboré brièvement avec un bulletin d’information de l’armée azerbaïdjanaise". Toujours selon le quotidien, Rahim Namazov, aurait été condamné à trois reprises pour des crimes économiques dans son pays.
L'Azerbaïdjan, un pays autoritaire
L'Azerbaïdjan, république du Caucase sortie de l'ex-URSS en 1991, est un pays autoritaire depuis la prise du pouvoir par l'ancien chef du parti communiste Heydar Aliyev en 1993, auquel son fils a succédé en 2003. Le pays arrive 162ème sur 170 dans le classement 2017 de la Liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières.