Au 1er janvier 2023, la banque Courtois fondée à Toulouse en 1760 n'existera plus, absorbée par le groupe Société Générale. Dépités de voir ainsi disparaître le plus ancien établissement bancaire encore en activité, les salariés déplorent aussi des fermetures d'agences et des suppressions de postes annoncés au compte-goutte.
"Il nous aura fallu deux ans pour obtenir des éléments chiffrés sur les fermetures de sites et de services, et sur les suppressions de postes". Élue CFDT au CSE de la Banque Courtois, Michèle Bleuse ne cache pas sa colère face au manque de transparence de la Société Générale dans son projet de fusion avec les huit banques du groupe Crédit du Nord, dont fait partie la Banque Courtois. "L'opacité et la complexité des informations sont délibérément organisées par le groupe Société Générale, dont le seul but est de faire des économies."
Disparition de la doyenne des banques
Fondée en 1760 à Toulouse, la Banque Courtois est la doyenne des établissements bancaires en activité. Au 1er janvier 2023, elle sera radiée du registre du commerce de Toulouse pour être absorbée par la Société Générale, via un accord de Rupture Conventionnelle Collective qui va se dérouler jusqu’au 31 décembre 2025.
"Toutes les organisations syndicales de toutes les banques ont voté contre ce projet. Mais nous n'avons qu'un avis consultatif. L'actionnaire a décidé que ce sera comme ça, il a tout pouvoir" déplore Michèle Bleuse.
Pas de licenciement, mais des reclassements contraints
Selon les éléments obtenus par le syndicat CFDT auprès des instances de la Société Générale, "il est prévu, en octobre 2023, la fermeture de 10 agences Banque Courtois, et la fermeture de 8 agences Société Générale. Ces 18 fermetures au total, et les réorganisations afférentes, vont globalement générer 87 suppressions nettes de postes sur les bassins d’emplois Banque Courtois."
Les salariés de la Banque Courtois viennent de recevoir un mail leur annonçant la suppression de leur poste. Ils dénoncent "la mise en œuvre déloyale et cynique des accords de suppressions de postes". "Il n'y a pas de licenciement, explique Michèle Bleuse, mais les salariés sont soumis à une obligation de reclassement, ce qui veut dire des contraintes de mobilité géographique ou fonctionnelle, des déclassements éventuels."
Des salariés malmenés
Les salariés concernés par ces premiers reclassements ont fait part de leurs voeux. "Tous ces souhaits ont été refusés, constate la représentante de la CFDT. Ils doivent postuler à une bourse aux emplois. C'est contraire aux accords de reclassement que nous avons signés. Tout cela met une ambiance au travail extrêmement négative "regrette-t-elle.
Seules les fermetures d'agences et les suppressions de postes pour 2023 ont été détaillées par la Société Générale, les annonces pour 2024 et 2025 seront faites "au fil de l'eau". Un suspense difficile à vivre pour les salariés.
Globalement la fusion du groupe Société Générale avec les huit banques du groupe Crédit du Nord devrait entraîner la fermeture de 415 agences bancaires et la suppression de 6 232 emplois d'ici 2025 sur l'ensemble du territoire national.