Malgré les tensions géopolitiques et les interdictions en approvisionnement, Airbus a obtenu une dérogation du Canada pour utiliser du titane russe dans la fabrication de ses avions. L'avionneur européen promet pourtant depuis plusieurs mois de supprimer sa dépendance au métal en provenance de Russie.
Le secteur de l'aéronautique ne peut pas faire sans le titane. Et Airbus ne fait pas exception. Au point que le Canada a accordé, selon l'agence Reuters, une dérogation à l'avionneur européen afin d'utiliser du titane provenant de Russie dans la fabrication de ses appareils. Le gouvernement canadien est pourtant le premier à avoir interdit l'approvisionnement en métal stratégique après le début de l'invasion russe en Ukraine.
Airbus wins reprieve from Canadian sanctions on Russian titanium https://t.co/qEU9VQM6ub
— The Globe and Mail (@globeandmail) April 23, 2024
Gagner en flexibilité
Cette décision va permettre à Airbus d'obtenir de la flexibilité dans ses usines canadiennes, selon l'agence de presse, et de lever ses craintes sur les conséquences de ces interdictions sur sa production d'A220. "Airbus est au courant que le gouvernement canadien impose des sanctions à VSMPO et a obtenu l'autorisation nécessaire pour sécuriser les opérations d'Airbus conformément aux sanctions applicables", a déclaré Airbus Canada à l'agence Reuters. Les détails de ces dérogations, notamment la durée de leur maintien, n'ont pas été révélés.
L'avionneur reste particulièrement dépendant à cette matière première venue de Russie. En décembre 2022, Michael Schoellhorn, directeur général d'Airbus Defence and Space, déclarait : "Pour le moment, nous nous procurons toujours un certain pourcentage de titane russe, mais sommes heureusement en train de devenir indépendants de cet approvisionnement." Sans apporter plus de précision sur les quantités encore importées, il a précisé que ce processus de découplage du titane était "une histoire de mois, pas des années", comme le rapportait le quotidien La Tribune.
Une promesse non tenue
Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, précisait que l'entreprise était entrée "dans la crise avec 6 à 12 mois d'inventaire en stock sur le titane et les pièces en titane, ce qui (lui) donne le temps d'activer les sources secondaires".
Un an plus tard, le média d'investigation Disclose pointait du doigt le géant de l'aéronautique parce qu'il continuait à traiter avec ses fournisseurs russes en raison de l’augmentation de sa production d’avions commerciaux. De son côté, Boeing a suspendu ses achats de titane russe depuis 2022.