Jeudi 11 mai se tient le procès de Julien B, brigadier du commissariat de Montauban (Tarn-et-Garonne), soupçonné d'avoir harcelé et espionné son ex-compagne, ainsi que de l’avoir inscrite à son insu sur un site de rencontres sexuelles.
Quelle ne fut pas la surprise d’Angèle Fères-Massol lorsqu’un soir de juin, elle aperçoit un intrus, nu, sur la terrasse de sa maison à Montauban (Tarn-et-Garonne). Elle qui pensait passer une soirée des plus normales appelle la police, puis porte plainte contre cet individu. “C’est à partir de là que tout s’est révélé”, raconte l’avocate de 44 ans. Car à sa grande surprise, l’homme sur sa terrasse affirme avoir échangé avec elle sur un forum de discussion et dit s’être déplacé dans le cadre d’un jeu sexuel. Ce qui n’est pas le cas.
Les investigations mènent finalement à Julien B, brigadier de police à Montauban et ex-compagnon d’Angèle Fères-Massol, soupçonné d’avoir commandité cette intrusion. Et ce, quelques mois après la fin de leur relation. "Eu égard au statut du mis en cause", comme l'explique son ex-compagne, le parquet de Montauban se saisit de la police judiciaire de Toulouse. Trois chefs d’accusation sont finalement retenus contre cet homme de 43 ans, jugé ce jeudi 11 mai au Tribunal judiciaire de Toulouse (Haute-Garonne) : harcèlement, faux en écriture publique et détournement de données à caractère personnel.
Un espionnage rodé
Julien B est soupçonné d’avoir usé de ses fonctions pour obtenir des informations sur son ex-compagne : factures détaillées, antécédents judiciaires ou fadettes, c’est-à-dire des relevés détaillés des communications émises depuis un téléphone. Y compris au cours de leur relation de plusieurs années. En tout, 59 réquisitions illégales ont été relevées par la police judiciaire, selon Le Parisien.
Désormais, la plaignante attend de ce procès “une vérité judiciaire et une sanction qui correspondent à son profil, à la gravité et aux conséquences des faits. Ni plus, ni moins”, indique celle qui décrit des conséquences “vertigineuses” sur sa vie : obligation de déménager, difficultés professionnelles, sentiment d’insécurité et téléphone grave danger sous l’oreiller. À propos de cet objet octroyé par le parquet, elle commente : “C’est à la fois rassurant et terrible de l’avoir en sa possession.”
Procès d'ampleur
Quant au prévenu, placé à deux reprises en garde à vue et depuis sous contrôle judiciaire, il dément les faits. “Tout est contesté, que ce soit les éléments matériels et intentionnels”, confirme maître Le Bonjour, son avocat, qui réaffirme à plusieurs reprises sa position : “C’est une histoire qui se retrouve gonflée artificiellement en raison de la qualité de la partie civile, mais ce n’est pas de nature à être extraordinaire. Je m’étonne de cet intérêt”, explique-t-il en précisant que c’est son associée, maître Morgane Dupoux, qui plaidera lors du procès.
Questionnée à ce propos, Angèle Fères-Massol répond : “L’importance est exclusivement liée à la qualité du prévenu. Quand on est policier référent cyberharcèlement pour le commissariat et que l’on se permet d’user de ses prérogatives pour pouvoir harceler et contrôler une femme, je crois que c’est particulièrement grave”, soutient-elle en défendant le fait qu’outre son statut d’avocat, elle est “une femme comme une autre”.