Après plusieurs mois d'arrêt, les chantiers ont repris le 11 mai dernier. Mais la filière s'inquiète pour la construction des logements neufs, qui pourrait être ralentie par la suspension des permis de construire pendant le confinement. Elle demande aux pouvoirs publics des plans de relance.
Depuis le 13 mai, les chantiers ont repris en Haute-Garonne. Les mesures sanitaires et le confinement avaient perturbé l'activité du secteur pendant plusieurs mois, soit en interrompant les chantiers, soit en les maintenant avec des mesures de sécurité drastiques. Si l'activité est repartie, il ne s'agit pas pour autant d'un retour à la normale.
La Fédération du bâtiment et des travaux publics de Haute-Garonne, la Fédération des promoteurs immobiliers 31 et l'Union sociale pour l'habitat en Occitanie-Midi-Pyrénées ont lancé jeudi dernier un appel commun : ils demandent un plan d'urgence à l'État et aux collectivités.
50 000 emplois en Haute-Garonne
La filière de la construction en Haute-Garonne représente 50 000 emplois et 6000 Petites et Moyennes Entreprises. Le confinement aura perturbé l'activité pendant huit semaines. 80% des salariés du secteur de la construction ont été mis en chômage partiel durant la période de confinement.
Les mesures d'accompagnement mise en œuvre par le gouvernement ont amorti le premier choc, mais la deuxième vague économique risque d'être dévastatrice. Précise le communiqué de la FPI Occitanie, de la fédération BTP 31 et de l'USH Occitanie.
A la tête du groupe Martinez, qui réunit plusieurs entreprises spécialisée du bâtiment, Sébastien Martinez ne cache pas son inquiétude, d'abord sur les conséquences de ces semaines de confinement. Malgré les mesures de prise en charge du chômage partiel et l'allègement des charges, "il y a un coût direct important". "Les commandes sont en baisse, cela représente 600 000 euros de perte nette."
L'incertitude des chefs d'entreprise
Le redémarrage est loin d'être total. En mai, l'activité n'était qu'à 60% de son niveau habituel. "Beaucoup de gros chantiers privés sont toujours suspendus. Il faut trouver de petits chantiers pour occuper les salariés". Le groupe compte 158 employés. Habituellement, 80 intérimaires sont aussi embauchés, il n'y en a plus aucun aujourd'hui.
Beaucoup d'incertitudes planent toujours sur la reprise ou non, notamment des chantiers des industriels. Pour Stéphane Martinez, c'est à l'État et aux collectivités locales de donner l'exemple.
Il faut que ça reprenne le plus rapidement possible.
Un plan de relance d'urgence
Désormais, c'est l'horizon à 6 mois qui inquiète la filière. Elle demande un plan d'urgence à l'État, "avec des moyens financiers à hauteur des enjeux" et aux collectivités.
Ce "Rebuildt act" permettrait notamment une instruction et une délivrance plus rapide des permis de construire. Une stimulation de la réhabilitation de logement énergétique pourrait être un "levier incontournable" pour maintenir l'activité de la filière, toujours selon ce communiqué. Enfin, l'accélération des grands projets d'aménagement et de transports de la métropole (3ème ligne de métro, nouveaux quartiers), permettrait de donner une impulsion au secteur.
Si la reconstruction n'est pas entamée dès aujourd'hui, ce sont les logements de demain qui ne seront pas construits.
Chaque année, le besoin en logement neuf est estimé à plus de 12 000 par an. Un ralentissement de la construction pourrait créer une pénurie dans quelques années sur le département et particulièrement sur la métropole toulousaine.