Vanessa Morales vient de réaliser un exploit de taille en battant un record mondial féminin de vitesse dans l'ascension du Kilimandjaro (Tanzanie). L'infirmière de formation, reconvertie en spécialiste de course en montagne a "avalé" l'aller-retour jusqu'au sommet de l'Afrique en 11h33.
Ce fut presque pour elle une balade de santé : la traileuse Vanessa Morales, 38 ans, vient de battre en Tanzanie, en cette fin août 2021 un record féminin de vitesse d'ascension et de redescente du Kilimandjaro, dont le sommet trône sur l'Afrique, à 5895 mètres d'altitude. Cette spécialiste de course en montagne, licenciée au club d'athlétisme de Muret (Haute-Garonne) a effectué un aller-retour jusqu'au point culminant de cette montagne mythique en 11h33, en empruntant la voie "Mweka", une des voies d'accès vers le sommet. Le précédent record officiel de vitesse sur cet itinéraire établi en 13h30 par une danoise en 2018 est donc rayé des tablettes, amélioré de presque deux heures.
Trois ascensions du "Kili" en neuf jours
Arrivée le 13 août en Tanzanie, Vanessa Morales s'est d'abord attaquée à une première ascension du Kilimandjaro aux côtés de Julien Vedani. Ce trentenaire d'origine lyonnaise, atteint de sclérose en plaques se préparait depuis plusieurs mois pour gravir le sommet africain équipé d'un exosquelette. Cet équipement, qu'il était venu tester cet été dans les Pyrénées en gravissant le pic du Midi, devait lui permettre de soulager une marche rendue difficile par la maladie, en amplifiant ses mouvements. Malheureusement atteint par le mal des montagnes, vers 4100 mètres, il se voyait contraint de rebrousser chemin, demandant à Vanessa et à plusieurs équipiers d'achever pour lui l'ascension, en tant que porte-drapeaux de la lutte contre la sclérose en plaques.
"Cette ascension du "Kili" avec Julien, c'était le premier but de ce voyage.", raconte Vanessa Morales, tout juste débarquée de l'avion à Toulouse. "C'est une aventure humaine hors-norme, en compagnie de quelqu'un qui donne des leçons de vie tous les jours. Malheureusement, il n'a pas pu aller au sommet, on y est allés pour lui, ce qui m'a aussi permis de m'acclimater pour tenter de battre le record que je visais."
Une deuxième ascension par la "Western Breach"
Après quatre jours de repos, Vanessa s'attaquait à un record féminin de vitesse d'ascension par une des voies d'accès du sommet africain, la "Western Breach". Il y a deux ans, l'infirmière de métier, originaire de Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), avait réussi à battre ce record (en 9h58). Mais l'athlète haute-garonnaise, qui est aussi pompier volontaire avait alors dû stopper momentanément son chrono pour porter assistance à l'un de ses guides en difficulté, rendant une homologation de la performance impossible. Cette année, pour cette deuxième tentative sur la "Western Breach", Vanessa n'aura pas réédité son exploit, entravée dans son ascension par des conditions météo particulièrement difficiles.
"La montée au dernier camp de base à 5200 mètres avec le caméraman qui m' accompagnait et un guide s'est faite sur les bases du record, en 5h46", explique Vanessa. "Mais le brouillard givrant et le froid se sont invités, on a en plus perdu la trace de la voie, qui n'a pas été pratiquée pendant deux ans avec la crise du Covid. J'ai eu des vertiges, des troubles de la vision..." La petite expédition finira par atteindre le sommet, et par redescendre saine et sauve. Un aller-retour en moins de 16 heures, performance plus que remarquable mais en-deça du record visé de 10h00.
Un record au bout de la troisième ascension
Déterminée à marquer de son empreinte les pistes menant au roi des sommets africains, Vanessa Morales n'a pas abdiqué. En battante, elle a retenté une ultime ascension du Kilimandjaro par la voie "Mweka". Avec au bout de l'effort et de la persévérance, un chrono de 11h33, homologué cette fois de façon officielle en tant que record féminin sur ce tracé. C'est vrai que j'aurais préféré battre un record sur la Western Breach", avoue l'amoureuse des sommets. "Mais à force de douter sur ma capacité à atteindre cet objectif, j'avais besoin de rebondir, d'aller chercher un record en empruntant une autre voie. C'était comme une revanche, une récompense, peut-être comme un médicament", confie celle qui n'a pas oublié son passé d'infirmière.
Désormais installée à Font-Romeu, où elle s'entraîne au sein du CREPS, Vanessa Morales a mis entre parenthèses son métier de coeur pour se consacrer uniquement au sport de haut niveau. Dans ses montagnes pyrénéennes, elle prépare d'autres défis sportifs, au Mexique, au Népal, la tête remplie de projets, toujours tournée vers les sommets.