Un joueur de tennis suspendu 7 ans : la difficile lutte des instances pour stopper cette corruption

Le tennisman Maxence Brovillé, licencié au Stade Toulousain, a été suspendu sept ans pour "refus de coopérer durant l'investigation" concernant des matchs soupçons de trucage de matchs entre 2017 et 2018. Il n'est pas le premier à être sanctionné par les instances du tennis, qui éprouvent des difficultés à réguler les paris et lutter contre cette corruption dans les divisions inférieures du circuit professionnel.

Dans le circuit secondaire du tennis, les sanctions pour trucage de matchs se multiplient quelques années après les faits. Cette fois, c'est un tennisman du Stade Toulousain qui est concerné. Maxence Brovillé a été suspendu sept ans et condamné à verser 5 000 dollars pour ne pas avoir coopéré durant l'enquête. 

"Refus de soumettre ses appareils personnels"

L'information a été rendue publique lundi 5 février 2024 par un communiqué de l'International Tennis Integrity Agence (ITIA), un organisme indépendant chargé de sauvegarder l'intégrité du tennis professionnel. Dans ses explications, il indique que le joueur a d'abord "nié toutes les accusations liées au trucage de matchs en 2017 et 2018". 

Malgré cela, une audience a eu lieu devant l'agent d'audience anti-corruption indépendant (AHO). Le joueur âgé de 25 ans, au mieux 708e mondial dans sa carrière, a été déclaré responsable "d'un défaut de coopération à une enquête de l'ITIA" et "du refus de soumettre des appareils personnels pour examen lorsqu'un avis écrit lui a été délivré". 

Le licencié du club toulousain était provisoirement suspendu depuis juin 2023. Il l'est désormais jusqu'en juin 2030. "Il est interdit au joueur de jouer, d'entraîner ou d'assister à tout événement de tennis autorisé par les membres de l'ITIA ou toute association nationale" précise l'instance dans son communiqué.

Deux autres joueurs français suspendus à vie en 2022

En novembre 2023, dans une vaste affaire judiciaire impliquant une organisation qui corrompait des joueurs, la même agence a suspendu sept joueurs belges pour avoir participé à des trucages de matchs. Pire, en 2022, deux joueurs français sont suspendus à vie pour sept et huit accusations de matchs truqués. 

En France, le trucage des matchs de tennis est un fléau difficile à cerner et à contrer. Les joueurs qui évoluent sur le circuit Future (l'équivalent de la 3e division) peuvent se faire approcher par des parieurs étrangers pour abandonner un set sur un score précis.

En échange, ils peuvent engranger 1 000 euros ou plus, soit un gain souvent supérieur à une qualification en finale de d'un tournoi de ce circuit. Même s'il est interdit de parier sur ces matchs en France, il est possible de le faire sur des sites de paris étrangers. 

Un fléau difficile à endiguer

"Je devais perdre deux sets. On m'a proposé 15 000 euros 30 minutes avant un match. C'était plus que de gagner le match et les deux prochains matchs" racontait déjà l'ancien professionnel Olivier Mutis au micro de France 2 en 2019.

Lors de ce reportage, Corentin Segalen, coordinateur de la plateforme de l'Autorité Nationale des Jeux (anciennement ARJEL), racontait lui cette autre histoire. "On a eu une alerte sur un pari « il va perdre le 2e set 6-0 ». Là, on avait 1 000 euros (de paris) en Italie, 700 euros en Lettonie, 800 euros en Allemagne."

Pas plus tard que la semaine dernière, le tennisman Benoît Paire sortait de ses gonds en plein match à l'Open Sud de France à Montpellier (Hérault) car un spectateur l'invectivait et le menaçait. Ce dernier était en train de parier sur la rencontre au bord du court. "C'est une plaie, mais on est des joueurs professionnels et on sait que des gens parient" réagissait le joueur français en conférence de presse, lui qui partage souvent des messages d'insultes de parieurs reçus sur Instagram. 

Les mises de paris restent élevées mais les instances internationales qui régissent les compétitions de tennis poursuivent leur lutte contre le trucage de matchs. La lourde suspension de Maxence Brovillé en est un énième avertissement. 

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