Un collectif de femmes de policiers manifeste ce vendredi après-midi à Toulouse, pour dénoncer les conditions de travail des forces de l'ordre, et le nombre de suicides dans la profession. Depuis janvier 2019, 78 policiers ou gendarmes se sont donné la mort.
Nathalie* est très fière de son fils. Pour elle, c'est un honneur qu'il fasse partie de la police. Pourtant, elle ne peut se départir de son angoisse : chaque jour, elle se demande s'il va rentrer sain et sauf chez lui. Selon elle, une augmentation de la violence et du mépris envers les forces de l'ordre, et une dégradation des conditions de travail, rendent leur métier de plus en plus difficile.
Ce vendredi après-midi, Nathalie, originaire de Montauban, manifeste place du Capitole à Toulouse, avec un collectif de femmes de policiers, gendarmes et CRS, pour alerter gouvernement et grand public sur ce phénomène. Leur mise en scène est spectaculaire : habillées en noir, elles portent des masques blancs et des pancartes aux slogans choc.
78 suicides parmi les forces de l'ordre depuis début 2019
Depuis le début de l'année 2019, 78 membres des forces de l'ordre se sont donné la mort. Dont 47 policiers, soit environ 5 par mois. Pour Nathalie, la plupart de ces suicides auraient pu être évités.Ils ne demandent pas grand chose : pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions, avec du matériel correct, et un peu de reconnaissance.
Car selon Nathalie, depuis les attentats de 2015, les forces de l'ordre sont sur tous les fronts. "On les sollicite de partout, estime-t-elle. Ils sont la rustine du gouvernement". Un problème qui remonte donc avant le mois de novembre et la mobilisation des gilets jaunes, même si celle-ci n'a rien arrangé.
Certains sont mobilisés plusieurs week-ends, autant de temps qu'ils ne passent pas avec leur famille, déplore-t-elle.
"Entendues, mais pas écoutées"
Cette mère de policier dénonce aussi les conditions de travail. "Certaines voitures, au commissariat de Montauban ne passent même pas le contrôle technique, assure-t-elle. Pendant la canicule, leurs bureaux n'étaient pas climatisés".Si l'on ajoute à cela la violence de certains propos entendus en manifestation, on obtient une multiplicité de facteurs, qui conduisent au ras-le-bol, voire au désespoir de certains policiers, selon Nathalie.
Elle souhaiterait que le Ministre de l'intérieur accepte de recevoir une délégation du collectif "Femmes de forces de l'Ordre en Colère", car aujourd'hui, Nathalie a le sentiment qu'elles ont été "entendues, mais pas écoutées".
*Le prénom a été modifié