Samedi 28 décembre, un patient de l'Hôpital Marchant (Hôpital psychiatrique de Toulouse, Haute-Garonne), est transféré sur son brancard sur plus d'un kilomètre. La cause, le manque de personnel et une décision prise par une personne de la direction.
Le manque de moyens à l'Hôpital Marchant, à Toulouse (Haute-Garonne), continue à provoquer des défaillances. Samedi 28 décembre 2024, les syndicats sud de l'établissement expliquent qu'un nouvel incident s'est produit. Selon eux, un patient qui devait alors être transféré d'un pavillon à un autre, n'a pas pu l'être dans de bonnes conditions, par manque de moyens. Une situation, reflet des difficultés de l'Hôpital psychiatrique pour faire face au manque de moyens et de personnels dénoncé par les syndicats.
La décision d'une directrice questionnée
Pour Loïc Brelier, secrétaire de la section sud santé sociaux Marchant, l'incident prouve le manque de personnel qualifié. "Samedi, il manquait des ambulanciers. Alors pour effectuer le transfert d'un patient, quelqu'un de la direction a dit 'Je vais prendre l'ambulance, on va aller récupérer le patient et puis on va le transférer sur une unité qui peut l'accueillir dans des conditions acceptables.' Sauf que cette personne n'est pas habilitée à le faire. Alors, le brancard a été sorti de l'ambulance, le patient a été installé, mais personne n'est arrivé à charger le brancard dans l'ambulance. Donc, ils ont transféré le patient sur le brancard en roulette pendant 1,5 km, ils ont traversé tout l'hôpital."
Une situation qui révolte les soignants de l'Hôpital, ils décident une fois de plus d'informer des défaillances via les réseaux sociaux. Une trentaine d'entre eux décide donc de lancer un communiqué sur leur page Facebook.
"On trouve ça inacceptable en fait. Les soignants qui étaient présents étaient révoltés. Voilà 4 ans qu'on alerte pour avoir des ambulanciers 24h sur 24, 7 jours sur 7. Mais on nous dit qu'il n'y a pas les moyens de recruter, et on met des patients et des soignants dans des situations qui sont impossibles."
La direction de l'Hôpital Marchant explique dans un communiqué : "face à l’urgence de mettre en œuvre ce transfert pour la sécurité du patient et des équipes, au délai de mise en place d’un transfert du patient via ambulance privée (4 heures d’attente) et suite à la demande médicale d’un transport exclusif couché, le choix de le transférer, sédaté et sous contention, sur un brancard entre les deux unités a été pris". Cinq agents auraient aidé au transfert du patient, un transfert d'une dizaine de minutes qui se serait déroulé "sans incident particulier".
Des défaillances régulières
Pour Loïc Brulier, des situations pareilles sont répétées : " Il y a 2 ans, on a eu une coupure électrique, on est allés alerter pour dire que sur l'unité de gériatrie psychiatrique, il y avait des patients qui n'avaient pas d'électricité, ils étaient sur des matelas électriques, sans électricité, les matelas électriques ne se gonflaient pas, par conséquent les patients étaient à même le sol. C'est une unité où il y a 8 adolescents, il faisait 10 degrés dans les chambres au mois de décembre, parce qu'il n'y a aucune maintenance sur le bâtiment qui est fait depuis des années et des années. La direction avait alors répondu qu'au premier semestre de 2024, il y aurait un déménagement. Sauf que le déménagement n'a pas eu lieu. Les lieux étaient encore moins adéquats que ce qu'ils étaient là. Mais dans le bâtiment où il y a les adolescents, rien n'a changé il fait encore 10 degrés."
On ne peut plus soigner dignement. Si on fait encore des économies, on va aggraver la qualité des soins qu'on donne aux usagers.
Loïc Brunel, secréataire de sud social Marchant
Pour les soignants le manque de moyens se chiffre en milliards d'euros dans la psychiatrie. "Orpéa, à côté de ce qu'il se passe dans la psychiatrie au niveau national, c'est de la rigolade à côté" souffle le soignant.