Salvatore Valitutti et son laboratoire du Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse viennent de décrocher un financement européen. Ils font partie de quatre équipes internationales qui vont se voir verser 10 millions d’euros en six ans.
Une expertise de 30 ans dans l'étude de la biologie des lymphocytes T cytotoxiques humains… Voici ce qui a valu à Salvatore Valitutti et son équipe d’être ainsi soutenus et financés de plus de 2 millions d’euros.
Bravo à Salvatore Valitutti, pour son ERC Synergy Grant destiné à ses recherches sur l’analyse de l'arsenal tactique des cellules T pour la lutte contre le cancer. @crctoncopole @IUCTOncopoleICR @ToulouseCancer @InsermOccPy @Liguevscancer31 : https://t.co/CXfgoWLCjh
— CRCT-Oncopole (@crctoncopole) November 13, 2020
Pour simplifier, ces cellules T cytotoxiques nous protègent en tuant les cellules infectées et cancéreuses. « Il faut imaginer cela un peu comme la guerre froide entre sous-marins américains et sous-marins russes. Il y a une tactique de contre-mesures envoyées pour tromper l’ennemi » explique le médecin.
Une guerre entre cellules
Nous nous situons ici dans des traitements contre le cancer dits d’immunothérapie. Seulement les approches actuelles en la matière connaissent de nombreuses limites. Notre système immunitaire flanche souvent face à des cellules cancéreuses qui, elles, résistent aux traitements en se fabriquant des protections.Pour analyser ce combat entre cellules bonnes et mauvaises, le chercheur utilise une combinaison de techniques d'imagerie de pointe. Mais, associé à l’université d’Oxford, il vient de franchir un cap : la découverte de particules d'attaque dites « supramoléculaires (SMAP) » capables de tuer les tumeurs.
Des « mini-bombes » contre les tumeurs
« Les tumeurs élaborent des méthodes pour ne pas être touchées ou détruites. Les cellules T, elles, sont nos soldats de première ligne » explique encore Salvatore Valitutti. « Ces SMAP que nous avons découvert seraient des sortes de mini-bombes, ou des mines, larguées par les cellules T et qui pourraient, comme des organismes autonomes, tuer les cellules cancéreuses en déjouant leurs protections»Associé à trois autres laboratoires basés en Angleterre, en Italie et en Allemagne (eux aussi récompensés), l’équipe toulousaine de Salvatore Valitutti va donc pouvoir avancer dans l’étude de ces « mini-bombes » contre les cellules cancéreuses.
D’Oxford à Hambourg en passant par Sienne et Toulouse
« L’équipe italienne va se concentrer sur la circulation et le fonctionnement des SMAP dans l’organisme, celle d’Oxford sur la possibilité d’en fabriquer de manière artificielle et moi je suis plutôt sur l’aspect médicale » résume Salvatore Valitutti.« En perspective, de nouvelles approches thérapeutiques et d'essais cliniques pourront être développées à l’Institut Universitaire de Cancérologie de Toulouse » relève l’Inserm Toulouse. Il faudra toutefois quelques années pour passer de la recherche en laboratoire puis sur les souris à un éventuel traitement.
L’expertise toulousaine reconnue
Le financement de cette belle aventure scientifique et médicale est donc le résultat d’un long cheminement. C’est le congrès européen de la recherche (ERC) qui a ouvert en juillet dernier l’appel à candidature. Son budget est de 350 millions d’euros de dotation globale. Ce qui permet de financer environ 39 bourses.Le programme ERC Synergy Grant s'adresse à des équipes de deux à quatre chercheurs pour mener conjointement des projets de recherche ambitieux. L'unique critère de sélection du programme est l'excellence scientifique.
Une fois encore donc, Toulouse voit son expertise européenne et internationale reconnue dans la lutte contre le cancer. L’unité Mixte de Recherche de Salvatore Vailtutti est rattachée à l’Inserm et à l’Université Paul Sabatier et est membre du Laboratoire d’Excellence Toulouse Cancer.