Le discret et modeste Antoine Dupont vient de décrocher le titre de meilleur joueur mondial de rugby. Le demi de mêlée de 25 ans, originaire du Gers et qui a fait ses classes à Auch et Castres avant d'entrer au Stade Toulousain, dit n'avoir jamais fait de plans de carrière, mais être un compétiteur dans l'âme.
"A travers moi, ce prix récompense le Stade Toulousain et l'équipe de France. Je peux les remercier et j'espère que j'aurai rendu fiers tous ceux qui m'ont côtoyé ces dernières saisons".
Même au temps du sacre, Antoine Dupont ne faillit pas à sa réputation : modeste et discret. "Je pense à tous mes éducateurs. Autant mes proches, ma famille, mes amis, mes entraîneurs, j'espère qu'ils seront fiers de moi", confie le jeune joueur du Stade Toulousain et capitaine du XV de France.
Antoine Dupont est le troisième Français à obtenir cette distinction lancée en 2001 par World Rugby, après l'ancien demi de mêlée et actuel sélectionneur de l'équipe de France Fabien Galthié, en 2002, et l'ancien troisième ligne Thierry Dusautoir, en 2011.
Il succède au troisième ligne sud-africain Pieter-Steph Du Toit, couronné en 2019 (le titre de joueur mondial de l'année n'a pas été attribué en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19).
Quand on regarde le palmarès de ceux qui l'ont eu avant nous, je me sens presque gêné, mon nom fait presque tache, tellement ce sont des monuments de notre sport.
Antoine Dupont
"Compétiteur dans l'âme"
"Il y a des Carter, des MacCaw qui l'ont gagné deux ou trois fois chacun, ce sont des joueurs que j'ai toujours admiré, j'avais des posters d'eux dans ma chambre quand j'étais petit donc c'est dur de faire la bascule maintenant", sourit celui qui a fait ses armes au Castres Olympique.
"Quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, j'écrivais rugbyman professionnel, mais je n'ai jamais été du genre à me faire des plans de carrière, des objectifs que j'aurais fixé à court ou long terme. J'ai pris les choses comme elles venaient mais je pense que je suis quand même un compétiteur dans l'âme, quelqu'un d'ambitieux. Chaque fois que je gravis une marche, j'ai toujours le réflexe de regarder la marche du dessus. Je pense que c'est ce qui m'a motivé".
Ce qu'il veut éviter à tout prix ? Se relâcher. "Avec Toulouse, on a réussi à garder cette ambition et cette exigence-là. Je me verrais difficilement jouer pour un autre club car j'ai un attachement fort, parce que les résultats marchent bien et parce que je me sens bien dans la ville aussi. Dans les prochaines années, je ne peux pas me prononcer, il peut se passer plein de choses mais aujourd'hui, c'est sûr que je ne me vois pas ailleurs".
Capitaine
"Ce rôle de leader, je le connais déjà depuis plusieurs saisons : de par mon poste, c'est un rôle que je me dois d'avoir. Je commence à avoir un peu plus d'expérience donc c'est normal aussi que je prenne un peu plus de place dans l'équipe. Ça m'a permis d'évoluer en tant que joueur et en tant qu'homme dans l'équipe.
Après, j'ai toujours cette nature de quelqu'un d'introverti, ce que je ne suis pas forcément dans la vie de tous les jours, c'est juste que quand je ne connais pas les personnes, je ne suis pas du style à me mettre en avant.
Quand je suis dans un collectif, un groupe où je me sens bien, je n'ai aucun problème pour prendre la parole ou faire passer des messages".
Le "ministre de l'Intérieur" - son autre surnom, pour sa capacité à être régulièrement
au soutien intérieur de ses partenaires, grâce à un sens unique de l'anticipation - est un garçon humble et discret qui a su progressivement forcer sa nature.
Le natif de Lannemezan avait promis en étant promu capitaine des Bleus qu'il ne
changerait pas pour autant sa "façon d'être". Son titre honorifique de meilleur joueur de l'année 2021 ne devrait pas non plus l'empêcher de bien garder les pieds sur terre.