Le fléau de l'été. Le moustique tigre s'invite dans notre quotidien. Au-delà des maladies qu'il est susceptible de propager comme le zika ou le chikungunya, quel est l'impact de cet insecte sur nos comportements ? Une étude sociologique menée par l'université Toulouse Rangueil tente de dresser un état des lieux.
Alexis adapte son quotidien. À cause du moustique tigre, cet habitant de Blagnac ne sort que très rarement dans son jardin. Il a renoncé à profiter de sa piscine, à boire un verre ou lire dans son jardin. "Je sors si j'ai quelque chose à faire. Je ne supporte plus les piqûres. Il m'arrive de crier après les enfants pour qu'ils ferment les portes et les fenêtres", témoigne Alexis, excédé.
Les produits antimoustiques, les prises, il a tout essayé... Sans résultat. Ce père de famille va même jusqu'à se rendre au cimetière voisin pour vider les vases et coupelles remplis d'eau stagnante dont les moustiques sont friands pour se reproduire.
Adaptation ou évitement
Un comportement loin d'être isolé selon une étude sociologique menée par Mélissa Mannuci doctorante à l'université de Toulouse Rangueil. À l'échelle de l'Occitanie, cette étude a pour but d'analyser les comportements face à ces nuisances quotidiennes.
"À travers des questionnaires, j'étudie la perception et les pratiques des citoyens qui souvent n'attendent pas l'action des pouvoirs publics et sanitaires pour réagir. Certains ont un comportement d'adaptation. Ils entrent dans une lutte active en intervenant pour éliminer les eaux stagnantes par exemple. D'autres adoptent un comportement d'évitement. Ils s'enferment chez eux. Et puis il y a ceux qui ont décidé de vivre avec. Du côté de Montpellier ou de Nîmes, le moustique tigre est quasiment considéré comme un animal culturel", explique Mélissa Mannucci.
La doctorante a étudié 30 questionnaires qui mettent en lumière les pratiques et les connaissances des citoyens sur cet insecte jugé nuisible.
Un risque sanitaire sous-estimé
Selon les données de Santé publique France, entre le 1ᵉʳ mai et 23 juillet 2024, 885 cas importés de dengue, six de chikungunya et deux de zika, ont été comptabilisés en France hexagonale. En Occitanie, les chiffres sont de 82 cas importés de dengue, un de chikungunya et zéro de zika.
🔎🦟Données surveillance renforcée #Chikungunya #dengue et #zika
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) July 24, 2024
Du 1er mai au mardi 23 juillet 2024 ont été identifiés en France hexagonale :
➡️ 885 cas importés de dengue
➡️ 6 cas importés de chikungunya
➡️ 2 cas importés de zika
Pour en savoir +⤵https://t.co/SPG7Tu1NE2 pic.twitter.com/iR96RAM0Id
Face à ce fléau, les pouvoirs publics font ce qu'ils peuvent. Des méthodes "douces" sont utilisées la plupart du temps comme des pièges pondoirs, des répulsifs qui diffusent du CO2 pour imiter l'odeur de la sueur humaine. "Les traitements chimiques ne peuvent intervenir qu'en cas de maladies avérées type dengue, zika ou chikungunya", alerte Mélissa Manucci. Mais "on sous-estime le risque", estime-t-elle au regard des questionnaires qu'elle a pu analyser.
Des questionnaires auxquels il est encore possible de répondre en ligne. Une série de questions qui portent autant sur nos connaissances et nos moyens de lutte contre les piqures du moustique tigre. Les conclusions pourront orienter vers des politiques de sensibilisation et de prévention.