La start-up franco-allemande The Exploration Company a été désignée fin mai par l'agence spatiale européenne (ESA) pour mettre au point une capsule capable de transporter du fret et des hommes dans l'espace. Elle teste actuellement des prototypes dans des locaux d'Airbus Defense and Space.
La conquête spatiale est en passe de se privatiser de plus en plus, et l’Europe est à la traîne. Actuellement, elle dépend des vaisseaux cargos américains pour ravitailler la station spatiale internationale. Mais l’Europe entend bien rattraper son retard. L’ESA, l’agence spatiale européenne, a confié à une start-up franco-allemande de concevoir le prochain vaisseau cargo européen afin de gagner en autonomie. Cette société, baptisée The Exploration Company, a été fondée il y a seulement trois ans et a de grandes ambitions.
"En ce moment, faire voler des astronautes européens coûte très cher à l’Europe parce qu’on est complètement dépendants des prix américains. Nous avons l’ambition de proposer une capsule moins chère et d’être complètement autonome au niveau européen", explique Eric Miquel, responsable Assemblage, Integration et Tests au sein de The Exploration Company. La start-up a baptisé son futur vaisseau NYX.
Des tests menés à Toulouse
Elle emploie une centaine de personnes réparties sur deux sites, à Munich (Allemagne), et à Mérignac, en Gironde et mène en ce moment même des tests en région toulousaine, dans les locaux d’Airbus Defense and Space.
De mai à juillet, des prototypes de NYX sont mis à l’épreuve pour vérifier leur fiabilité en cas de voyage spatial.
"On vérifie le dimensionnement, la qualification des équipements en fonction de l’environnement que sera amené à rencontrer la capsule lors de son voyage dans l’Espace", détaille Guillaume Dusardier, responsable architecture mécanique au sein de la start-up. Cette version devrait être testée dans l’espace l’an prochain.
La concurrence de Space X
Objectif : être capable d’ici à 2028 de mettre en service sa nouvelle capsule cargo. Face à elle, une concurrente déjà leader dans le ravitaillement spatial : la capsule "Dragon" de Space X. Cette future capsule européenne devra pouvoir amener et ramener du matériel, des vivres, des astronautes, et être réutilisable, que ce soit dans le cadre d’un usage civil ou militaire.
Developed in just nine months and for a cost of under €2 million, Nyx Bikini is an example of the new European space sector – The Exploration Company was recently selected for Europe’s cargo transportation initiative to the International @Space_Station: https://t.co/QIBwP5o4Gr pic.twitter.com/vfi0fDwKyd
— ESA Space Transport (@ESA_transport) June 23, 2024
L’enjeu est de taille. "D’ici à 2030, la station internationale, déjà vieillissante, n’existera plus. Elle aura été désorbitée. Au moins quatre stations sont en cours de développement par des compagnies privées, notamment américaines, et il faut des véhicules pour pouvoir les ravitailler, que ce soit en matériel, mais aussi en hommes. Il y a donc une vraie demande" estime Eric Miquel.
De la capacité technologique européenne à envoyer du fret et des hommes dans l’espace dépend aussi sa possibilité de participer aux grands choix pour l’avenir de la vie dans l’espace, comme l’explique Jon Reijneveld, l’un des co-fondateurs de The Exploration Company : "C’est important d’être capable d’y aller nous-même afin d’être en mesure de prendre part aux discussions. Si on n’est pas en capacité de le faire, ce sont les Américains et les Chinois qui vont décider sans nous". Il juge important que l’Europe ait son mot à dire si elle ne veut pas être complètement hors-jeu.