La liste des affaires de violence, d'injure, d'agression à l'encontre d'élus s'allonge : victime de racisme une conseillère municipale porte plainte

La conseillère municipale, Gnadang Ousmane, en charge de l'état civil et des formalités administratives de la ville de Toulouse en Haute-Garonne a porté plainte suite à des injures racistes et sexuelles. Le phénomène de violence vis-à-vis des élus ne cesse d'augmenter.

"Vous êtes noire, vous êtes une femme, vous ne devriez pas avoir ce poste !" Ces injures à caractère raciste et sexuel reçues, en commentaire sur sa page Facebook, la conseillère municipale Gnadang Ousmane, en charge de l'état civil et des formalités administratives de la ville de Toulouse, dans l'équipe de Jean-Luc Moudenc, n'a pas voulu les laisser passer.

Fin décembre, elle a donc porté plainte contre X pour "injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion par une personne chargée de mission de service public", et " "harcèlement sexuel par utilisation d’un service de communication au public en ligne ou d’un support numérique ou électronique, propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste imposés de façon répétée".

 "On m'a attaquée en tant qu'élue, mais aussi sur le fait que je sois noire et une femme et que je ne devais pas avoir accès à cette fonction, explique l'élue, jointe par France 3 Occitanie. Ces propos sont suffisamment graves et en plus affichés sur la place publique de manière aussi décomplexée, que dès la lecture, j'ai annoncé à l'auteur que je porterai plainte, ce que j'ai fait !"

Révoltée, Gnadang Ousmane, souligne que c'est la première fois qu'elle est victime de tels propos "de façon aussi claire et en tant qu'élue. C'est aussi ma fonction qui a été atteinte.

"Tous ces sujets-là existent et j'ai décidé de ne pas en faire un non-sujet. Mais je ne veux pas que cela éclipse mon travail"

Gnadang Ousmane, conseillère municipale à Toulouse

C'est d'ailleurs en évoquant l'ouverture des Maisons Toulouse services effective depuis le 8 janvier que ces propos ont été écrits en commentaire. 

Un autre élu victime de racisme

Gnadang Ousmane a reçu le soutien de toute l'équipe municipale. Mais elle n'est pas la première élue de la Ville à être victime de propos racistes. En 2015, Jean-Paul Makengo, adjoint au maire socialiste Pierre Cohen, avait lui aussi reçu une carte de vœux raciste. L'expéditeur avait mis en cause la couleur de peau et fait état d'accusations gratuites dans des termes diffamatoires. L'élu était malheureusement coutumier du fait. Il avait déjà reçu plusieurs autres messages de ce type lorsqu'il était adjoint au maire PS de Toulouse entre 2008 et 2014. "Visiblement le fait d'être le premier élu noir à la mairie de Toulouse et au Conseil régional ne plaît pas à tout le monde" avait-il relevé.

Développement d'un accompagnement des élus

Ces injures font partie de la longue liste des agressions et autres violences qui se multiplient à l'encontre des maires, des élus et des autres agents des collectivités, relève Jacques Oberti, président de l'Association française des maires de Haute-Garonne, qui lui-même avait déposé plainte pour injures. "Je peux imaginer à quel point cette élue peut être choquée, commente-t-il. Il ne se passe pas deux ou trois semaines sans qu'on ait une affaire de violence, d'injure, d'agression en Haute-Garonne. Le fait nouveau, c'est que cette violence peut être réitérée, notamment par les réseaux sociaux, issues de démarches collectives ou des atteintes calculées par des groupuscules notamment d'extrême droite. On observe aussi un discours antisémite et raciste qui se développe."

Pour lutter contre ces situations, l'Association française des maires a mis en place deux types d'action en dialogue avec le gouvernement, qui prépare des mesures répressives sur les agressions. "On propose aussi aux élus de se signaler pour recenser les faits et s'ils le souhaitent d'être accompagné en tant que victime, ce qui peut donner encore davantage de poids à la plainte et peut aider à mettre de la distance."

Pour apprendre à se protéger des individus agressifs, une gendarmerie a même proposé une formation spécifique aux élus.

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