"La solidarité internationale l'a fait fonctionner" : Fondé par des républicains espagnols, l'hôpital Joseph-Ducuing bastion de la santé solidaire depuis 80 ans

Fondé en 1944 par les réfugiés républicains espagnols installés à Toulouse, l'hôpital Joseph-Ducuing, anciennement Varsovie, célèbre 80 ans de combat pour la "santé de tous" : une histoire chaotique doublée d'une vocation sociale qui en font une institution à part de la ville rose.

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Fondé en 1944 par les réfugiés républicains espagnols installés à Toulouse, l'hôpital Joseph-Ducuing, anciennement Varsovie, célèbre 80 ans de combat pour la "santé de tous" : une histoire chaotique doublée d'une vocation sociale qui en font une institution à part de la ville rose.

L'hôpital des réfugiés espagnols

C'est autour des 16 et 17 octobre 1944 que les premiers patients sont arrivés dans cet hôpital, alors militaire, créé par les républicains espagnols pour soutenir une opération de reconquête par les armes de leur pays qui allait rapidement tourner au fiasco. Médecins et infirmiers espagnols prennent place dans une bâtisse aux tourelles atypiques, surnommée "le château", dans le quartier St-Cyprien. 

C'est là que vivent, souvent dans le dénuement, nombre de leurs compatriotes chassés par la victoire de Franco en 1939. Dans l'immédiat après-guerre, l'hôpital Varsovie, du nom de la rue où il se trouve, va ainsi soigner les maux de ces exilés qui constituaient en 1945 environ 10% de la population de la ville

Patrimoine mondial des Toulousains

"C'est la solidarité internationale qui va le faire fonctionner et aussi curieux que cela puisse paraître, essentiellement américaine", raconte à l'AFP un des anciens dirigeants de l'hôpital et mémoire de l'établissement, Michel Moury. "À travers des mécènes déjà impliqués dans le financement des Brigades internationales pendant la Guerre d'Espagne".

"C'est une institution qui est très particulière parce que son histoire est singulière", "une histoire qui nous touche", souligne le maire divers droite de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Et l'édile est pour une fois rejoint par son adversaire LFI François Piquemal, député des quartiers de Toulouse où se trouve l'hôpital, qui le voit comme "un des grands héritages de Toulouse, capitale de l'exil espagnol" à inscrire au "patrimoine mondial des Toulousaines et des Toulousains".

Des médecins salariés

La Guerre froide va venir refermer le chapitre espagnol de l'hôpital puisqu'en 1950, médecins et direction, soupçonnés d'actions subversives en lien avec leur engagement politique, sont expulsés du territoire. Le chirurgien et ancien résistant communiste Joseph Ducuing prend le relais et crée l'Association des Amis de la médecine sociale (AMS), encore gestionnaire aujourd'hui de l'hôpital baptisé du nom du praticien depuis 1971.

D’intérêt collectif (Espic), Joseph-Ducuing est à l'heure actuelle "le seul hôpital d'Occitanie qui fait de la médecine, de la chirurgie et de l'obstétrique en fonctionnant en secteur 1 (sans dépassement d'honoraire) avec des médecins salariés sans activité libérale", explique l'actuelle présidente bénévole de l'AMS, Claudine Regourd.

"Agir pour la santé de tous"

"On a cette vocation à soigner tout le monde", souligne la directrice générale, Cathy Garcia, rappelant, dans son bureau du "Château" aujourd'hui entouré d'autres bâtiments, le slogan maison : "Agir pour la santé de tous". "L'hôpital a des patients qu'il est appelé à prendre en charge relevant de publics vulnérables mais il sait dispenser des soins qui sont vraiment pour toute la population", abonde Charlotte Hammel, directrice adjointe de l'Agence Régionale de Santé (ARS) en Haute-Garonne, le qualifiant notamment d'"acteur de référence sur la maternité".

Mais dans "un paysage compliqué pour l'ensemble du système de santé" rappelle Jean-Luc Moudenc, l'équilibre pour un hôpital à vocation sociale est encore plus délicat. "On a les missions d'un hôpital public sauf que l'hôpital public à la fin de l'année, le trésor public est là", explique Mme Garcia, ajoutant : "quand nous, on est en déficit, c'est plus compliqué".

Un avenir incertain

Du côté syndical, Djilali Mazouzi, préparateur en pharmacie depuis 20 ans à l'hôpital et élu CGT depuis une quinzaine d'années, est conscient de l'équation : "On a eu une grève des secrétaires en juillet, on a trouvé une sortie de crise même si ce n'était pas facile, on essaie toujours de trouver des solutions parce qu'on connaît la situation financière de cet établissement", dit-il.

Déficitaire, l'hôpital compte sur sa diversification ainsi qu'une potentielle augmentation de son nombre de lits (186 aujourd'hui) pour atteindre une masse critique plus à même d'assurer son avenir.
En attendant, pour cette année d'anniversaire, l'hôpital cultive son héritage et va baptiser certains de ses services du nom de ses figures marquantes. Comme par exemple l'Espagnole Maria Gomez-Alvarez, militante anarchiste et première chirurgienne de l'hôpital, il y a 80 ans.

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