C'est le concurrent direct de l'Airbus A320néo et du Boeing 737 Max. Le C919, nouvel avion de ligne du constructeur chinois COMAC, présenté en février au salon de l'aéronautique de Singapour, peut-il sérieusement inquiéter les deux géants aéronautiques ? Il y a peu de chance au regard de ses débuts.
La Chine rêve de damer le pion à Airbus et Boeing avec son nouvel avion moyen-courrier, le C919. Mais ses débuts sont difficiles avec seulement des commandes en provenance des compagnies chinoises et une production très faible.
Des commandes nationales
Les compagnies Air China et China Southern reçoivent en cette fin d'été leurs premiers C919, développés par le chinois Comac. Comme China Eastern, qui l'exploite depuis le mois de mai, elles ont chacune passé une commande de 100 exemplaires de cet appareil, présenté comme le concurrent direct de l'A320néo et du Boeing 737 Max.
Good to see @airchina & @CSAIRGlobal receive their first #C919 aircraft from #COMAC. A pivotal moment for #China's domestically produced large passenger aircraft to enter a new phase of multi-operator deployment. Looking forward to further development of 🇨🇳 aviation industry. pic.twitter.com/98cJGBFraS
— 王鲁彤 Wang Lutong (@WangLutongMFA) August 29, 2024
L'avion, développé depuis 2010 par le constructeur Comac, peut embarquer entre 170 et 190 passagers. Il a effectué son premier vol en 2017. Mais à ce jour, les commandes peinent à décoller. Moins de 1000 exemplaires quand l'A320néo en affiche 10500 et le 737 Max plus de 6000.
Pas de menace réelle
Avec cet avion, la Chine pensait profiter d'une situation favorable : d'un côté les déboires de Boeing, qui sont sûrement loin d'être terminés, et de l'autre, un constructeur européen, qui croule sous les commandes et peine à monter en puissance.
Airbus ne parvient pas à garder la cadence ⚙️
— Air Community (@aircommunityFR) April 30, 2023
L’avionneur européen ne pourra pas contenter tous ses clients à temps en raison de retards de livraisons, apparemment bien indépendants de sa volonté.
On vous explique plus en détail dans notre article ci-dessous👇… pic.twitter.com/r1gfexFKzO
Malgré cela, le rival chinois ne devrait pas menacer les deux géants aéronautiques. Car si Guillaune Faury, le PDG d'Airbus a annoncé en juin "la réduction des prévisions de livraisons 2024 à 770 avions", cela représente tout de même près de 70 appareils, assemblés tous les mois, avec "un objectif de 75 A320 par mois en 2027".
Des livraisons au compte-goutte
Face à Airbus, Comac apparaît bien à la traîne. Le constructeur chinois a multiplié les retards de développement de son C919 et ses livraisons se font rares : seulement 4 en 2023 et 7 de prévues cette année. C'est l'équivalent d'Airbus en 3 jours.
KLM prend livraison de son premier monocouloir Airbus A321neo https://t.co/485trCdxSS pic.twitter.com/SVJN8mZZlO
— Air Journal (@airjournal) August 28, 2024
Selon le cabinet Alix Partners, "Comac plafonne à 6 % de parts de marché des mono couloirs". Les experts estiment que "l’avionneur chinois livrera de l’ordre de 100 avions par an à l’horizon 2030". À cette même période, Airbus pourrait avoir dépassé le millier de livraisons annuelles et Boeing retrouvé sa santé d'avant crise.
Des perspectives limitées
Plus grave, faute d’expérience dans le processus de certification aéronautique, l'appareil chinois de Comac, conçu à Shanghai, ne sera probablement jamais certifié, pour voler en Europe ou aux Etats-Unis. "Son potentiel export se résume donc essentiellement à des clients parmi ses proches partenaires politiques", affirment les cabinets de conseils en aéronautique.
Si l'avion chinois réussissait l'objectif de 1700 livraisons d'ici 2042, "il ne réussirait même qu'à prendre un quart du seul marché intérieur chinois", précise le Cabinet Cirium. "Car l'avance d'Airbus et Boeing est telle qu'ils produiront toujours entre 4 et 6 fois plus, que le nouveau venu".
À ce jour, Airbus détient 58% du marché contre 35 % à Boeing. Le reste est partagé entre Bombardier, Ambraer et Comac.