"Les causes de retard sont multiples et varient selon les saisons" : l'aéroport de Toulouse-Blagnac fait la chasse aux retards

Face aux exigences européennes de réduire les retards aériens, l'aéroport de Toulouse-Blagnac a inauguré en juillet 2023 un centre opérationnel ultramoderne, l'APOC. Cet investissement vise à anticiper les aléas, renforcer la collaboration avec les partenaires de la plateforme, et améliorer la performance globale. Entretien avec Thierry Duluc, responsable du service Escale.

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La ponctualité des vols est un enjeu majeur pour les aéroports et les compagnies aériennes. Avec des millions de passagers transportés chaque année, les moindres retards s'accumulent et perturbent les opérations. C'est pourquoi Eurocontrol, l'instance européenne de contrôle du trafic aérien, a lancé des projets visant à améliorer cette ponctualité. En 2023, l'aéroport de Toulouse-Blagnac (Haute-Garonne) s'est équipé d'un centre des opérations (APOC) afin de résoudre ces retards. Le point avec Thierry Duluc, responsable du service Escale à l'Aéroport Toulouse-Blagnac.

France 3 Occitanie : En quoi consiste ce nouveau centre opérationnel ?

Thierry Duluc : Ce nouveau centre opérationnel a été mis en service en juillet 2023, en lien avec des projets européens visant à améliorer la ponctualité des vols. La majorité des retards se produisant au sol, Eurocontrol demande une contribution significative des aéroports pour améliorer cette situation. Nous nous sommes inspirés des grandes plateformes, comme celle de Lyon, pour créer un lieu adapté à notre taille et à notre histoire. Nous avons travaillé sur trois domaines : le lieu, les outils, et l’organisation. Ces trois éléments sont essentiels pour améliorer la performance globale.

France 3 Occitanie : concrètement quel est l'objectif ?

Thierry Duluc : Notre objectif avec ce centre est triple : anticiper les aléas, collaborer avec les partenaires de l’aéroport, et améliorer la performance globale. L’aéroport est un écosystème complexe avec de nombreux partenaires, assistants, compagnies et sous-traitants. Nous avons réaménagé un espace existant pour créer l’APOC (Airport Operation Center) qui regroupe trois fonctions essentielles. Nous avons intégré nos divers outils informatiques dans une même application pour une meilleure ergonomie et efficacité. Enfin, nous avons mis en place une nouvelle organisation avec trois rôles principaux : le régulateur, qui gère en temps réel les équipements et les aléas; le superviseur de terminaux, qui s’assure du bon fonctionnement des installations; et le coordinateur, qui anticipe les problèmes à venir pour les résoudre rapidement.

France 3 Occitanie : Vous avez mentionné que la majorité des retards se produisent au sol. Y a-t-il une cause principale identifiée ?

Thierry Duluc : Les causes de retard sont multiples et varient selon les saisons et les conditions. Par exemple, les passagers peuvent ne pas se présenter à temps à la porte d’embarquement, des contrôles de sûreté peuvent prendre plus de temps, ou des équipages peuvent avoir des exigences supplémentaires. Il peut aussi y avoir des retards dus aux conditions météorologiques. Il n’y a pas une seule cause prédominante, c’est un ensemble de facteurs.

France 3 Occitanie : L’aéroport de Toulouse-Blagnac est souvent critiqué pour les retards des compagnies low-cost en fin de journée. Ce centre opérationnel peut-il aider à résoudre ce problème ?

Thierry Duluc : En partie. Nous faisons tout pour maîtriser le temps d’escale et éviter de générer des retards. Cependant, nous subissons parfois les retards accumulés sur d’autres plateformes, surtout en été. Notre objectif est de minimiser les retards à Toulouse, mais nous restons dépendants des retards pris ailleurs. Nous collaborons avec les compagnies aériennes pour comprendre et améliorer ces situations.

France 3 Occitanie : Quel a été le coût d’investissement pour ce centre opérationnel ?

Thierry Duluc : Je ne peux pas donner de chiffres précis, mais l’investissement se chiffre en centaines de milliers d’euros. Ce budget inclut les outils, les aménagements, et les équipements informatiques. Nous avons aménagé un plateau d’environ 500 m².

France 3 Occitanie : Après un an de fonctionnement, avez-vous déjà constaté des améliorations ?

Thierry Duluc : Oui, nous avons noté une meilleure fluidité de l’information et une amélioration de la performance globale. Notre priorité est qu’un passager arrivé à l’heure aux contrôles ne manque pas son vol. Nous avons pu résoudre environ 90% des situations critiques grâce à la coordination améliorée.

France 3 Occitanie : Quelle est la prochaine étape ?

Thierry Duluc : Pour 2025, nous travaillons sur un hyperviseur. Cet outil, basé sur divers capteurs et indicateurs, nous alertera en temps réel sur les problèmes potentiels. Il renforcera notre vigilance et notre capacité à agir rapidement.

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