Les deux ados toulousains candidats au jihad mis en examen

Les deux adolescents toulousains candidats au jihad ont été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Ils ont été remis en liberté mais placés sous contrôle judiciaire.

Les deux adolescents toulousains de 15 et 16 ans, candidats au jihad en Syrie, ont été mis en examen vendredi par une juge antiterroriste, une mesure rarissime pour des mineurs. Ces mises en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ont été assorties de contrôles judiciaires prévoyant des mesures éducatives, selon une source judiciaire.

Une douzaine de mineurs ont été recensés parmi les personnes parties de France en Syrie combattre Bachar al-Assad. Outre les deux lycéens Y. et A., revenus le 26 et le 27 janvier en France, la justice enquête sur une Avignonnaise de 15 ans, qui n'a pas rejoint son domicile le 23 janvier. Plusieurs mineurs figurent aussi parmi un groupe de quatre jeunes qui ont quitté Nice fin décembre.
Les Toulousains ont été interrogés pendant deux jours à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sur le périple entamé le 6 janvier qui les a sans doute conduits en Syrie via la Turquie. Les éléments fournis aux enquêteurs, notamment sur la zone frontalière où ils se sont rendus, rendent crédible le fait qu'ils sont effectivement entrés en Syrie.
Des deux, c'est le plus jeune, Y., présenté comme le plus inséré dans le système scolaire, qui semble avoir été le plus déterminé, a assuré une source proche du dossier. Mais sa mise en examen repose sur "des charges ridicules", a répliqué un de ses avocats, Me Yassine Bouzrou, qui met en avant le caractère "humanitaire" de son voyage. Selon une source proche du dossier, Y. réfute s'être rendu dans un camp d'entraînement en Syrie. Une motivation pacifique relativisée par des sources proches du dossier, qui évoquent une photo avec une arme diffusée sur Facebook dont l'authenticité devra être établie ou un appel à des proches où l'un évoquait ses "frères" combattants. Si selon une source proche du dossier, A. n'évoque pas ce caractère "humanitaire", "les raisons qui ont pu motiver (son) départ sont totalement étrangères à toute entreprise terroriste", a indiqué son avocat Me Matthieu Chirez. A ses yeux, le chef de mise en examen est une "notion contestable, aux contours évanescents au regard de son âge, de ses explications et de son retour volontaire en France".


Des 'facilitateurs' venus de France


Selon une source proche de l'enquête, les versions des deux garçons ne concordent pas en tous points. S'ils expliquent être entrés en Syrie, l'un affirme que son compagnon a voulu le dissuader de rentrer quand il en a émis le souhait. Pour l'heure, rien ne semble indiquer qu'ils aient été acheminés par une filièreInternet et les réseaux sociaux paraissent avoir grandement contribué à la formation de leur projet. Les enquêteurs analysent les sites qu'ils ont visités.  Ils entendent aussi voir comment ils ont pu être approchés et s'ils ont rencontré sur place des "facilitateurs" venus de France, un "petit groupe de personnes" chargées d'orienter leurs compatriotes dans la zone turco-syrienne, explique une source proche de l'enquête. Les enquêteurs s'intéressent notamment à un homme actuellement en Syrie, qui pourrait être "à l'origine du départ" des deux garçons et apparaît dans d'autres dossiers
sur la Syrie, selon une source proche du dossier.
Elèves de seconde au lycée des Arènes à Toulouse, les adolescents ont un casier judiciaire vierge. Jamais les services antiterroristes n'ont été confrontés à un tel exode de volontaires au jihad, puisqu'ils sont désormais entre 600 et 700 à s'être rendus en Syrie, à en être revenus ou à avoir l'intention d'y aller. Parmi eux, quelques femmes, comme cette étudiante des Mureaux récemment partie avec son petit ami. Par comparaison, entre 2001 et 2011, les services français avaient identifié une cinquantaine de combattants venus de l'Hexagone.
Beaucoup sont inexpérimentés mais il y a aussi des islamistes aguerris, tel Saïd Arif, dont les autorités françaises sont convaincues qu'il combat en Syrie. En fuite depuis qu'il a violé en mai son assignation à résidence en Haute-Loire, il avait été condamné dans un procès de filières tchétchènes. 

Les deux jeunes apprentis jihadistes de 15 et 16 ans avaient été transférés de Toulouse à Paris jeudi soir. Ils ont été présentés à un juge d'instruction dans la journée de vendredi


Notre dossier complet sur les Toulousains en Syrie, ici
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