Les établissements pénitentiaires d'Occitanie sont au bord du gouffre. Sous-effectifs chroniques des personnels, prisons surpeuplées, violences... Le constat que dressent les syndicats est alarmant. Ils en appellent au nouveau gouvernement.
Des prisons surpeuplées avec près de 850 détenus qui dormiraient à même le sol (245 à Seysses, 55 à Montauban, 128 à Béziers pour ne citer que ces établissements), des personnels au "bord du burn out", des violences quotidiennes, un risque d'émeute accru... les syndicats pénitentières tirent la sonnette d'alarme. "Cette situation dramatique est exacerbée par un sous-effectif chronique du personnel, qui fait face à des risques élevés pour leur intégrité physique et leur santé mentale au quotidien" dénonce l'UNSA - justice (Union nationale des syndicats autonomes) dans un communiqué.
Régulièrement, les syndicats alertent sur l'état des prisons en Occitanie, en s'appuyant sur les réseaux sociaux.
➡️ Prison de Toulouse-Seysses : Agression, insultes et menaces de mort au quartier accueil !#FO #JUSTICE #FOJUSTICEhttps://t.co/z71X9QtHdi
— FO JUSTICE (@SyndFoJustice) September 19, 2024
Les syndicats dénoncent l'inaction du gouvernement. Et demandent des mesures fortes :
- le renforcement des effectifs en personnel pénitentiaire, aussi bien sur les coursives que dans les bureaux administratifs et les services techniques.
- l'investissement massif dans la création de nouvelles places de prison et l'accélération des projets déjà en cours.
- Sensibiliser l’appareil judiciaire aux alternatives à l'incarcération
Et pour faire face à l'urgence,L'UFAP UNSa-Justice "réclame des transferts massifs et rapides des détenus sans liens familiaux, sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français) ou interdit de territoire vers des directions interrégionales moins surchargées".
A Seysses, 692 places pour 1300 détenus
"Le problème se pose surtout dans les maison d'arrêt et les centres pénitentiaires. Des établissements qui accueillent des détenus en attente de jugement ou condamnés à des peines inférieures à 2 ans de prison" explique Frédéric Le Stanc, secrétaire adjoint de l'Union régionale de Toulouse (UFAP/UNSa-Justice). Comme à Seysses par exemple, non loin de Toulouse.
"Au centre pénitentaire de Seysses, il y a beaucoup de turn-over. mais le problème, c'est la surpopulation carcérale. On a 1300 détenus pour 692 places. C'est intenable" souligne Frédéric Le Stanc. "On manque cruellement de personnel. Il faudrait au moins une trentaine de personnels de surveillance supplémentaire. Mais il en faut aussi pour les services admistratifs et techniques" souligne le syndicaliste qui travaille dans cet établissement.
Interpeller le nouveau gouvernement
Même si ces problèmes sont récurrents depuis des années, les syndicats profitent de la nomination d'un nouveau gouvernement pour se se rappeler au bon souvenir de leur ministre de tutelle. En l'occurence, le Garde des Sceaux, Didier Migaud. "Pendant trois mois, on n'avait plus vraiment d'interlocuteur. On va le laisser prendre ses marques, mais après il faudra bien que des mesures soient prises" précise Frédéric Le Stanc, secrétaire adjoint de l'Union régionale de Toulouse (UFAP/UNSa-Justice).
D'autant que le nouveau ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, promet de la fermeté.
Bruno Retailleau, nouveau ministre de l’Intérieur, promet « le rétablissement de l’ordre » et la « fermeté » https://t.co/9ZCzGL2bdK
— Public Sénat (@publicsenat) September 23, 2024
"On voit bien que le nouveau ministre de l'intérieur annonce une politique de fermeté. Il risque d'y avoir plus d'incarcérations, mais il faut que ecla suive au niveau matériel et humain" explique le syndicaliste.
Les syndicats n'excluent pas de nouvelles actions des personnels pénitentiaires devant les prisons si ils ne sont pas entendus.