Les produits d'hygiène gratuits permettront de compléter les "grosses courses" cette région révolutionne le quotidien des étudiants

La Région Occitanie innove en cette rentrée 2024-2025 : des distributeurs installés sur les campus permettront aux étudiants de bénéficier de trois produits d'hygiène gratuits chaque mois. Une première en France.

Carte d'étudiante en main, Sarah s'approche du distributeur. Un bip de validation, et voilà son produit disponible dans le volet inférieur de la machine. Mais ici, pas de café ni de snacking. Sarah vient de retirer un déodorant à bille. Totalement gratuit. 

Depuis 2 ans, les distributeurs de produits d'hygiène gratuits sont testés à l'Université de Nîmes. Gel douche, dentifrice, brosse à dents, la Fac est la première en France à offrir deux articles par mois à chaque étudiant, parmi une vingtaine disponible. Une initiative que la Région Occitanie vient de décider d'étendre à la rentrée 2024-2025 à l'ensemble des sites universitaires de la région. La carte d'étudiant donnera accès gratuitement à trois produits par mois. Sans aucune condition.

Mobilisation contre la précarité étudiante

La Région a mobilisé cent mille euros sur cette opération, qui illustre sa nouvelle priorité affichée : la lutte générale contre la précarité. Et l'allègement du budget des étudiants, qui se débattent contre l'inflation galopante, + 2,25% cette année en France, + 3,81% à Toulouse et + 1,76% à Montpellier selon les chiffres de l'UNEF. Carole Delga rappelle "qu'ils s’ajoutent aux +  6,47% de l’année passée, et à ceux des années précédentes… Un recul sans précédent des conditions de vie des étudiants qui hypothèque les chances de réussite des plus précaires", se désole la présidente de Région.

Dons des laboratoires

À l’exception de l'Université de Montpellier qui a confié la distribution à une association étudiante, chaque établissement d'Occitanie recevra ses distributeurs automatiques en dotation de la Région. Il lui appartiendra de l'achalander, grâce notamment aux partenariats passés avec des laboratoires ou grossistes régionaux. "La valorisation des circuits locaux était une évidence" confie Nadia Pellefigue, la vice-présidente de Région en charge de l'Enseignement supérieur.

Dans le cadre de cette initiative contre la précarité, les entreprises ont joué le jeu, avec des prix négociés, et même des dons de produits

Nadia Pellefigue, vice-présidente de Région en charge de l'Enseignement supérieur

Un plus apprécié

Après la mise en place par les CROUS de distributeurs de protections menstruelles gratuites, cet allègement supplémentaire du budget hygiène est apprécié par les étudiants.

A Toulouse, Eva ne bénéficie pas des bourses "à quelques euros près". Son budget hygiène, elle le comprime déjà autant que possible : lessive en lots "pour économiser", gel douche solide "qui dure plus longtemps, cotons-tiges "réutilisables". Pour elle, les distributeurs gratuits seront un plus évident. 

Les produits d'hygiène gratuits permettront de complèter les "grosses courses" que me font mes parents en début d'année, et qui durent trois ou quatre mois.

Claire Millet, étudiante à Toulouse

Une urgence pour les organisations étudiantes

Cette initiative régionale est d'ores est déjà saluée et encouragée par les organisations représentatives étudiantes. Selon sa dernière enquête, L'UNEF-Rs estime qu'avec l'augmentation des frais d'inscription universitaire, de la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), obligatoire pour les étudiants depuis 2018, la flambée des prix de l'alimentation, celle des loyers et des transports, un étudiant sur deux ne mange plus à sa faim.

Le coût de la vie étudiante a flambé de + 27.76% de 2017 à 2024

Quentin Latour, président de la section toulousaine de l'UNEF-Rs

Cent jobs étudiants pour diffuser les aides

Faisant le constat que de nombreux étudiants d'Occitanie ignorent encore la palette des aides auxquelles ils ont droit, la Région a embauché cette rentrée cent vacataires, baptisés "étudiants Occitanie solidaires", afin d'accompagner les élèves en situation de précarité. Dotés de contrats de 6 à 8 heures par semaine, ils sillonnent les campus durant toute l'année universitaire avec la mission d'informer et d'orienter leurs pairs en difficulté.