"Les sanctions avec Poutine, cela ne marche pas" : réactions des Ukrainiens de Toulouse face à la crise

L'Ukraine et la Russie sont au bord de la guerre. Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des régions de Donetsk et Lougansk. Le président russe a demandé à son armée d'y assurer des "fonctions de maintien de la paix". Une situation très tendue qui inquiète la communauté ukrainienne de Toulouse.

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"Vous savez, cela fait huit ans que nous sommes en guerre..." Entre fatalisme et détermination, Nataliya Zuzuk porte un regard amer sur la situation que traverse son pays. Installée à Toulouse depuis 20 ans, elle travaille comme accompagnante d'élèves en situation de handicap (AESH) dans un collège de la ville rose.

Elle ne se fait aucune illusion sur les intentions du président russe : "Pour moi, Poutine, il fait tout pour commencer la guerre. Il a préparé sa population à cette reconnaissance et ce qui se passe aujourd'hui ne me surprend pas" explique t'-elle dans un français fluide.

"Les sanctions ne suffisent pas face à un homme comme Poutine. C'est un homme qui ne comprend que la force. L'Europe et les États-Unis ont été naïfs vis-à-vis de lui" regrette Nataliya, aujourd'hui âgée de 43 ans. Elle est consciente que les alliés occidentaux de l'Ukraine ne vont pas intervenir militairement dans son pays. C'est d'ailleurs pas ce qu'elle espère "On ne demande pas aux Américains et aux Européens de mourir pour l'Ukraine. Mais qu'ils aident militairement l'Ukraine".

Inquiétude pour les proches en Ukraine

En contact trois fois par jour avec sa maman qui vit dans l'Ouest du pays, cette Ukrainienne ne cache pas son inquiétude. "J'ai surtout peur des bombardements, des victimes civiles". Sa mère quant à elle, n'a pas envie de quitter le pays. "La plupart des Ukrainiens que j'ai eu au téléphone là-bas, veulent rester et aider. Je les trouve plutôt calmes par rapport à la situation".

Elle pense également que Vladimir Poutine ne va pas en rester là. "Je pense qu'il va continuer à grignoter des territoires, il va aller plus loin" craint-elle.

Même crainte du côté de Myla Potenko. Cette franco-ukrainienne de 38 ans, vit en France depuis 2003 et à Toulouse depuis 9 ans. Elle a acquis la nationalité française. Cette conseillère en immobilier qui travaille à Toulouse vit mal les derniers évènements : "C'est insupportable, on replonge dans les mêmes histoires de guerre, avec les mêmes hommes. Cela avait bien commencé avec "la révolution de la dignité" en 2014, puis il y a eu l'annexion des territoires ukrainiens par les Russes et depuis...c'est la guerre" déplore t-elle. 

"Les sanctions avec Poutine, cela ne marche pas"

Elle aussi à des amis sur place et de la famille. Elle aussi craint pour leur vie, a peur des bombardements, des victimes civiles. "L'Ukraine ne peut pas faire grande chose face à ce mastodonte russe. Mais ils vont résister, ils vont se défendre". Qu'attend t-elle de l'Europe ? "Déjà qu'elle montre un front uni, qu'elle prenne conscience que la guerre se rapproche d'elle et qu'elle est à ses portes. Poutine aime bien créer des situations comme ça, influencer les élections également des pays voisins" souligne Myla.

Les sanctions ? "Cela ne marche pas avec Poutine, on le sait. Mais que faire aujourd'hui ? Je ne sais pas... mais il faut une réaction. La France a été naïve, tout comme l'Europe. " rappelle t-elle.

Oksana A., 44 ans, vit dans la banlieue toulousaine. "Les deux dernières nuits j'ai mal dormi. Je n'ai pas envie de revivre dans un système autoritaire, comme lors de l'époque de l'URSS. Aujourd'hui, l'Ukraine est un pays libre et il doit le rester" explique t-elle avec émotion.

Elle est impressionnée par son peuple : "Les Ukrainiens gardent leur sang froid, car ils vivent cela depuis 8 ans déjà". Et Oksana d'aller plus loin : "J'espère que les Ukrainiens vont se battre et se défendre. Même si le rapport de force n'est pas favorable. Il va y avoir des citoyens qui vont se mobiliser, je ne pense pas que cela va être si simple que ça pour les Russes".

La décision de Vladimir Poutine de reconnaître les territoires russophones qui ont fait sécession n'a pas surpris Oksana : "Poutine répète le même scénario qu'en Géorgie, en Moldavie". Quant aux sanctions, "elles arrivent trop tard" selon elle.  "Il fallait les mettre en place il y a plusieurs années, quand on a donné des passeports russes aux habitants du Donbass et de la Crimée" regrette t-elle.

Espoir d'une aide militaire

Elle non plus ne se fait pas trop d'illusions sur un éventuel soutien occidental : "Je suis pessimiste par rapport aux alliés. Il faut qu'ils nous aident militairement. Je ne veux pas que l'Ukraine devienne un champ de bataille pour les ambitions américano-russes".

Quant au projet d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN - pomme de discorde majeure entre les Occidentaux et les Russes - elle continue d'y croire. Du moins à soutenir cette initiative, qu'elle estime légitime.

"C'est mieux de se donner à l'OTAN plutôt qu'à la Russie. L'Ukraine est toute seule. On serait protégé. On garde la frontière entre la Russie et l'Europe, comme une zone tampon. L'Europe ne doit pas laisser faire. Si elle laisse faire, qui sera le prochain ? " conclut t-elle dans un soupir.

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