Gérard Vidal, président de la fédération des chambres syndicales des débitants de tabac en Midi-Pyrénées et président des buralistes frontaliers de France répond à nos questions sur la levée des limites d'importation de cigarettes en France depuis les autres pays européens.
C'est un coup de semonce pour les 6000 buralistes français...
Bruxelles a décidé de mettre la France au pas. En mars 2013, la cour européenne de justice a condamné notre pays à revoir ces quotas, jugeant qu'ils protégeaient son marché du tabac. Jusqu'à maintenant en effet, la France limitait à cinq le nombre de cartouches autorisées par véhicule, en provenance de Belgique, d'Espagne, du Luxembourg ou encore d'Italie. Dorénavant, ce seront dix cartouches qui seront autorisées et ce, par personne.
De plus, les douaniers devront apporter la preuve que le tabac a vocation à être revendu. Les députés français voteront jeudi l'aborgation de ces quotas.
Autant dire que la nouvelle a fait l'effet d'une douche froide chez les débitants de tabac frontaliers. C'est le cas des buralistes de Midi-Pyrénées qui souffrent déjà de la proximité avec l'Espagne. Gérard Vidal, président de la fédération des chambres syndicales des débitants de tabac en Midi-Pyrénées et président des buralistes frontaliers de France, parle de "mort annoncée de nombreux collègues".
Quelle a été votre réaction à l'annonce de cette levée des limites d'importation ? Ce n'est pas vraiment une surprise ?
Gérard Vidal : "Bien sûr, on suivait cela de près mais ces nouveaux quotas, c'est fou ! C'est l'explosion des marchés parallèles ! Actuellement, ce sont déjà 28 % des paquets de cigarettes fumés en France qui sont achetés en-dehors du réseau officiel. L'Etat y perd trois milliards. Alors, maintenant... Imaginez un bus qui passe de l'Espagne à la France : avec dix personnes seulement à son bord, ça fait déjà 500 cartouches ! Un vrai marché ambulant..."
Quelles conséquences redoutez-vous ?
Gérard Vidal : "La mort de tous les collègues qui travaillent à proximité de la frontière. Le tabac devrait être vendu au même prix partout. Or ici, en France, il va encore augmenter au 1er janvier : le paquet sera à 7,20 euros. De plus, si c'est un produit dangereux comme le ministère de la santé le dit, le tabac ne devrait même pas circuler ! Or, on vend un produit légal, qui rapporte 13 milliards par an à l'Etat."
Envisagez-vous de passer à l'action ?
Gérard Vidal : "Les buralistes sont très très en colère. On est déjà descendu dans la rue et on recommencera. Dans les semaines à venir, il faut s'attendre à nous entendre !"