Un petit tronçon de travaux de la LGV, ligne à grande vitesse reliant Toulouse à Bordeaux, pourraient être retardés pour sauvegarder l'habitat de la loutre d'Europe. Cette espèce, quasi menacée et protégée, niche dans la vallée de l'Hers, dans 5 communes du nord de Toulouse sur le tracé du TGV.
Parmi les travaux du GPSO, Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest, situé dans les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, des projets d'aménagements sont prévus sur 19 kilomètres de voies ferrées existantes entre Toulouse et Castelnau d'Estretefonds. Une zone qui abrite la loutre d'Europe, une espèce "quasi menacée" et protégée. Le début des travaux, prévu d'ici la fin de l'année, devrait être reporté à fin 2024 pour permettre d'adapter ces aménagements à l'habitat de la loutre.
Un petit carnivore qui a bien failli disparaître
La loutre a bien failli disparaître des Pyrénées et de France. Sa chasse, le piégeage et la dégradation de ses habitats ont bien failli avoir raison de ce carnivore semi-aquatique.
Très répandue jusqu’au début du XXe Siècle, elle n'est presque plus présente dans les années 80.
Un retour inespéré intervient au début des années 2000. Un plan d’accompagnement à son retour est même lancé en 2007. Depuis, la loutre semble avoir colonisé une partie du réseau
hydrographique d'Occitanie.
Ce carnivore partage sa vie entre l'eau et la terre. Grâce à ses pattes palmées et son pelage protecteur, il conserve la chaleur. La loutre mesure entre 100 et 130 cm, dont environ un tiers pour sa queue allongée et en pointe. Elle est plus grande que le castor et pèse de 6 à 11 kg.
C'est la seule espèce de loutre présente en Europe.
19 kilomètres de voies aménagées pour sauvegarder l'habitat de la loutre
L'habitat de la loutre est très souvent menacé par la circulation. Qu'elle soit routière ou ferroviaire. Or, la ligne de chemin de fer existante entre Toulouse et Castelnau d'Estretefonds dans la vallée de l'Hers, où doit passer la LGV, est une zone d'habitat et de nidification de la loutre.
Les travaux prévus sur ces 19 kilomètres, essentiellement une mise à 4 voies pour accueillir des trains à grande vitesse, vont être repensés pour préserver au mieux son habitat. 5 communes sont concernées : Castelnau d’Estrétefonds, Lespinasse, Fenouillet, Saint-Jory et Toulouse.
L'exemple du pont de l'Hers
Sur la commune de Castelnau d'Estretefonds, au nord de Toulouse, le pont de l'Hers, un pont ferroviaire, est sur le tracé de la future LGV. Pour atténuer l'impact de la ligne sur l'habitat de la loutre, les travaux sur ce pont et aux abords devraient être modifiés.
Des travaux reportés à septembre 2024
D'après notre confrère Stéphane Thépot, la SNCF aurait demandé une dérogation auprès du Ministère de la transition écologique pour retarder ce chantier lié à la LGV sur le tronçon Toulouse-Castelnau d'Estretefonds. L'objectif serait d'atténuer l'impact de ces travaux sur l'habitat de la loutre.
TGV retardé par la #loutre au nord de #Toulouse ? Le chantier des #AFNT devait démarrer "fin 2023-début 2024" pour s'achever en 2031, @Ecologie_Gouv dit que @SNCFReseau ne lancera les travaux qu'en septembre 2024 pour préserver l'habitat de Lutra lutra dans la vallée de l'Hers pic.twitter.com/FYpiXfnTnB
— Stephane Thepot (@canardumidi) November 9, 2023
La demande de dérogation porterait sur une limitation de "la destruction, l'altération ou la dégradation d'aires de repos ou sites de reproduction, ainsi que sur la perturbation intentionnelle de la loutre d'Europe". Le Ministère aurait donné un avis favorable à ces demandes. Initialement prévus en cette fin d'année 2023, les travaux pourraient être reportés au mois de septembre 2024.
De son côté SNCF Réseau confirme le report de ces travaux tout en précisant que cela n'impactait pas le reste du calendrier de la mise en oeuvre de la LGV. "SNCF Réseau a prévu de décaler le démarrage de ces travaux spécifiques sur le canal latéral au nord de Toulouse, à septembre 2024. Ce n'est qu'un chantier parmi des dizaines d'autres sur le tracé", précise-t-on.
La LGV Bordeaux-Toulouse est un projet d'une longueur de 200 kilomètres affectée au trafic des voyageurs entre Bordeaux et Toulouse. Elle prolongerait la LGV Sud Europe-Atlantique entre Tours et Bordeaux.
Cette ligne à grande vitesse permettrait de relier la ville rose à Paris en trois heures, contre quatre heures aujourd’hui.