« C’est l’été d’après, toujours, que poussent les fleurs du peintre ». Comment des Iris se sont-elles mises à fleurir sur les toiles du catalan Roger Estève ? C’est ce qu’essaie de nous conter l’auteur toulousain Didier Goupil. Avec poésie et sentiments : les deux hommes sont amis. Une amitié qui n’est pas près de faner.
D’où sont donc surgies ces fleurs ? Qu’est-ce qui a valu au peintre catalan, après un an d’une énième rupture, de voir son art pousser à nouveau sous cette forme ? En plein été caniculaire, le voilà posant ces touches de fraîcheurs sur ses toiles, cassant ses repères de travail, ne gardant comme habitude que celle d’avoir une cigarette allumée jamais très loin.
Il s’est souvenu des gerbes de fleurs qui illuminaient les bords de la rivière où il venait nager adolescent, des grappes de pétales éclairant le sous-bois où il se rendait le soir en galante compagnie, de l’éclat électrique des libellules bleues survolant les marais comme des fées et, jour après jour, toile après toile, les Iris dans l’atelier ont commencé à éclore.
On apercevra même, au détour d’une ou deux toiles, les crabes bleus de son enfance. "Un jeune dans une peau de vieux", voilà comment se voit Estève. Alors des fleurs, fraîches, pourquoi pas ? Tout en peignant, il pense à ce passé révolu qui ne reviendra pas. "Fleurs de nuit arrachées aux ruines du temps qui passe", commente ce malin de Goupil qui connaît bien son sujet. Il a aussi écrit une biographie fantasmée sur lui : "Journal d'un caméléon".
L’Iris, c’est aussi le "symbole de l’inconstance et de la tendresse des cœurs", commente l’auteur toulousain.
Roger Estève a cessé de se rêver dans d’autres bras. Dans d’autres draps. Il peint. Il peint tous les matins.
Il n’y a pas d’âge pour explorer, surtout en peinture. Il n’y a pas d’âge non plus pour se réinventer. Tant que la sève est là. Voici sans doute ce que nous souffle à l’oreille ce recueil à garder dans sa poche ou à exposer en format beau-livre dans sa maison ou ailleurs.
"La fleur du peintre" Roger Cosme-Estève et Didier Goupil, éditions Paraules.