A la veille d'une nouvelle marche des fiertés dans les rues de Toulouse, gros plan sur la lutte contre l'homophobie qui a encore progressé de 22% en 2022. Associations et enseignants se mobilisent pour faire de la prévention. De nombreuses initiatives sont menées dans les collèges et lycées.
Ce samedi, la communauté LGBT va à nouveau défiler dans les rues de Toulouse, à l'occasion de la marche des fiertés pour défendre ses droits. Pour les associations et les enseignants mobilisés, la reconnaissance passe par la prévention dès le plus jeune âge.
Informer les plus jeunes
Ils ont entre 13 et 15 ans, et en ce mardi du mois d'Avril, ils participent au forum des collégiens. Une demi-journée pour découvrir des opportunités de carrière et faire connaissance avec le milieu associatif. Parmi les stands, se trouve SOS Homophobie.
"Nous devons prendre le mal à la racine. Nous partons du postulat que c'est l'école qui forme les citoyens"
Yves Ducel-FagèsSOS Homophobie
Depuis plusieurs décennies, l'association lutte contre l'homophobie : " C'est très important pour nous de faire partie de ces événements à l'attention des plus jeunes, explique Yves Ducel-Fages, membre de SOS homophobie Occitanie. " Nous ne sommes pas là pour les convaincre. Nous leur disons que nous sommes là pour les sensibiliser sur les droits des personnes LGBT, et que ce n'est pas normal lorsque ces droits sont bafoués ".
Sur le stand de l'association, les collégiens apprennent la signification des lettres LGBTQ, la différence entre sexe et genre ou encore les droits de la communauté LGBT.
Mieux armés pour demain
Le collège ou le lycée sont des lieux où l'homophobie est déjà présente, parfois de manière involontaire.
"Il ne se passe pas un jour sans que j'entende le mot pédé ou gay de manière dévalorisante. Cela veut dire qu'on baigne dans une homophobie permanente."
Anne-Catherine MezureEnseignante
C'est aussi là que les victimes sont les plus fragiles. Plusieurs cas de suicides de jeunes, suite à du harcèlement lié à leur orientation sexuelle, ont malheureusement défrayé la chronique ces derniers mois. Car les homophobes sévissent principalement sur les réseaux sociaux, le terrain de jeu favori des jeunes.
Enseignante en lycée professionnel des métiers du bâtiment à Toulouse, Anne-Catherine Mezure organise chaque année des actions pour sensibiliser ses élèves à l'homophobie.
"J'ai créé avec eux un jeu de cartes sur les personnalités LGBT les plus connues", raconte-t-elle. "Les élèves se sont pris au jeu et ils m'ont même donné des noms que je ne connaissais absolument pas comme le rappeur Lil Nas X et Willow Smith, la fille de l'acteur américain Will Smith". De ce jeu est née l'année suivante une exposition, destinée à démontrer que l'orientation sexuelle n'enlève en rien la valeur des personnes et qui si l'on s'arrête à cela, on passe à côté de leurs actions et de leurs compétences ".
Dans cette exposition Jules Cesar côtoie Jean Moulin, Elton John ou Amélie Mauresmo.
Une jeunesse plus ouverte ?
L'homophobie reste encore un tabou dans de nombreuses familles, mais les adolescents semblent mieux informés que leurs aînés sur la question : "C'est quelque chose d'actuel donc on en entend parler régulièrement" dit Esteban, 13 ans. "Et même si ça ne me touche pas directement, je pense que c'est important". "Oui c'est important de sensibiliser les adolescents", rajoute Anna, sa camarade de classe. "On est tous différents et ça nous apprend à vivre avec les différences." "En plus,il y a des lieux de rendez-vous où on peut se faire aider" remarque leur ami Gaspard. "Le mieux c'est d'en parler avant que ça soit trop grave car ça peut faire des ravages".
Une évolution que notent aussi les enseignants : "J'ai rarement eu un blocage définitif de la part de mes élèves, confie "Anne-Catherine Mezure. " On est toujours arrivé à trouver un terrain d'entente. Il y a un échange d'idées. Quand on est enseignant on sème des graines, après les élèves font le reste du parcours. En tout cas ces échanges ont permis d'ouvrir des petites portes qu'ils n'avaient peut-être pas" .
Les associations de lutte contre l'homophobie interviennent très régulièrement en milieu scolaire dès le collège.