A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, qui se tient ce mercredi 17 mai, nous avons rencontré à Toulouse des jeunes victimes d'homophobie familiale. Elles ont fui leur foyer et sont accueillies par la fondation "le Refuge". Voici leurs témoignages.
A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, rencontre avec deux jeunes LGBT, victilmes d'homophobie familiale. Ils sont accueillis depuis plusieurs mois par la fondation "le Refuge" à Toulouse.
Homophobie familiale
Olivier, c'est ainsi que nous l'appellerons, est un amoureux de mode et rêve de devenir aussi célèbre qu'Olivier Rousteing, son modèle, le jeune directeur artistique de la maison Balmain.
Olivier a 21 ans. Il vivait en région parisienne mais il a fui le domicile familial en novembre 2022. Depuis plus de deux ans, son quotidien était fait d'insultes, de coups et de moqueries. Ses propres parents n'acceptaient pas son homosexualité.
C'était toujours des remarques sur ma façon de m'habiller en famille. Mes parents ont des préjugés sur les gays. Ils pensent qu'on va forcément mourir du Sida.
Olivier
Un jour la situation a dérapé. Visage caché, Olivier accepte de raconter ces moments douloureux.
"Ils ont su que j’étais gay lors du confinement. Ce jour-là, c’était une crise générale. Mon père qui me crie dessus, qui me dit que je fais la pute, qui me dit « je ne te reconnais pas comme mon fils, tu n’es pas le mien ». Il me dit qu’il a passé tellement d’années à me donner tout ce que je voulais pour qu’au final je sois la honte de la famille. Je lui ai répondu que je continuerai à me faire belle et d’être l’homme de la famille. En fait on s’était battu. Un soir, ma mère a dû appeler la police. Ils n’ont jamais répondu. Il a essayé de me tuer."
Depuis 4 mois, Olivier tente de se reconstuire à la Fondation "le Refuge" à Toulouse (Haute-Garonne). 6 autres jeunes y sont accueillis comme lui. Des jeunes, gays, trans ou migrant dont la vie a basculé récemment.
Victime de transphobie
Par eux, Jasmine. Elle a vécu une autre vie, celle d'un garcon jusqu'à ses 21 ans. Jasmine ne supportait pas son corps. Elle a choisi de faire sa transition il y a 3 ans.
Une démarche de trop pour sa mère, qui avait pourtant accepté son homosexualité et son côté très éffeminé.
La personne que j'aimais le plus au monde, en fait c'est celle qui m'a fait le plus de mal
Jasmine
Elle raconte aujourd'hui son histoire les yeux pleins de tristesse. En février, Jasmine a débarqué à Toulouse à la fondation "le Refuge". Sa mère avait été trop loin. Sa sécurité n'était plus assurée au sein de sa famille. Comme Olivier, Jasmine a préféré changer son prénom et témoigner sous couvert de l'anonymat.
"Pour elle, être une femme trans c’est trop. C’est être la caricature d’une femme. Elle estimait que c’était une passade, un peu comme un déguisement, que je voulais jouer un rôle car j’avais du mal à me trouver dans la société. Alors que pas du tout. Quand j’ai compris qui j’étais, je ne me suis jamais sentie aussi libérée. Je n’avais plus besoin de jouer le trop. Parce que c’était totalement naturel pour moi d’être une femme. Un jour, on s’est disputées. Elle a voulu prendre la poêle bouillante que j’utilisais pour faire à manger. Elle me frappait le visage avec."
Jasmine n'est pas en colère. Juste déçue de la réaction de celle qui l'a mise au monde. Elle espère qu'un jour sa mère comprendra la nécessité de son parcours et sera enfin fière du chemin parcouru.
Le cocon du "Refuge"
Selon le dernier rapport de SOS Homophobie, en 2022, 15% des actes homophobes se sont déroulés en famille. 300 jeunes, victimes d'homophobie ou de transphobie sont à ce jour en attente d'une place au sein de la fondation "le Refuge". La structure ne peut en accueillir que 176 dans toute la France. Des séjours moyens de 6 mois pour ces jeunes LGBT de moins de 25 ans, en rupture familiale.
Logés dans des appartements, dont l'adresse reste secrète, ils bénéficient d'un soutien moral et matériel pour retrouver une vie "normale" : "On a vraiment un rôle d'accompagnement de la vie, de bienveillance, de reconnaissance aussi", explique Perrine Duverger, travailleuse sociale au "Refuge". "On leur donne tout ce qu'ils n'ont pas eu chez eux pour leur permettre de prendre un nouveau départ".
Encore fragiles, mais pleins d'espoir, Olivier et Jasmine se projettent maintenant dans l'avenir. Ils passent le permis de conduire cette année grâce au "Refuge". Et dans quelques moisn il pourront vivre leur nouvelle vie, désormais en pleine lumière.