Depuis juillet 2022, les agressions et menaces à connotations homophobes se multiplient à Toulouse (Haute-Garonne). Ces actes interviennent juste après les propos homophobes de la ministre Caroline Cayeux et en pleine crise de la variole du singe, dont les homosexuels sont les premières victimes.
Plusieurs agressions à l'encontre de la communauté homosexuelle ou à connotation homophobe sont recensées à Toulouse depuis juillet 2022. Menaces de mort, agressions physiques ou verbales, la communauté LGBT est-elle victime d'une recrudescence des actes homophobe ? Et pourquoi ?
Appel au meurtre
Hervé Hirigoyen ne décolère pas. Ce samedi 6 août, il reçoit une salve d'une trentaine de SMS homophobes et antisémites provenant d'un inconnu : "On voit très bien que j'ai été ciblé, parce que je milite dans deux associations, HES (Homosexualité et Socialisme) et "les oubliés de la mémoire", qui se bat pour la reconnaissance de la déportation des homosexuels".
L'inconnu, totalement décomplexé, finit par lui donner son identité et son adresse. Il s'agirait d'un militant de "la Manif pour tous" qui aurait déjà été condamné en 2018 pour des actes similaires. Ce samedi 6 août, une dizaine de militants LGBT d'autres régions ont reçu ces mêmes SMS, en même temps qu'Hervé Hirigoyen.
A chaque fois une plainte a été déposée. Pour l'heure, aucun magistrat ne s'est saisi de l'ensemble du dossier.
Agression physique
Lundi 9 août, un autre Toulousain est lui victime d'une agression physique à connotation homophobe. Il est violemment frappé par une de ses voisines. Cette dernière se réjouira en chantant sur son balcon d'avoir "tapé la tapette". La police est appelée. La femme évoque la légitime défense. Mais l'homme s'en sort avec un oeil au beurre noir et des lunettes cassées. Il semblerait que la victime, qui n'est pourtant pas homosexuelle, soit régulièrement la cible des violences verbales de ses voisins, mais cette fois "Ils sont passés à l'acte" comme le dénonce la mère de la victime sur son compte Twitter.
Et ce ne sont pas des cas isolés. Fin juillet, un journaliste homosexuel avait lui été victime d'insultes homophobes de la part d'un de ses voisins. Et que dire de ce couple, agressé physiquement fin juin sur la place du Capitole, en plein coeur de la ville, une semaine avant la marche des fiertés ? A chaque fois une plainte est déposée. Mais la justice ne donne pas forcément suite.
Faire appliquer la loi
"J'irai jusqu'au bout" affirme Hervé Hirigoyen. "Je me bats pour moi mais pour les jeunes surtout. A 20 ans quand on n'a pas de réseau ni d'expérience, recevoir ce type de messages ou être agressé peut conduire au suicide."
Ces propos, tombent sous le coup de la loi. Et toutes les victimes espèrent aujourd'hui que la justice pourra faire son travail : "Il y a une désinhibition de la haine car le législateur ne fait pas appliquer la loi", s'insurge le militant LGBT. Les réseaux sociaux sont une caisse de résonance de cette violence. Ils sont responsables. Et il faut les obliger à donner accès à la justice à ces comptes malveillants."
Un climat homophobe
Ces actes interviennent peu après la polémique sur les propos homophobes de la ministre chargée des collectivités territoriales. Caroline Cayeux avait utilisé le terme de "ces gens-là" pour parler des homosexuels. Des propos qui avaient profondément choqué la communauté LGBT, contraignant la ministre à s'excuser.
Ils interviennent aussi en pleine crise du virus de la variole du singe, dont les homosexuels sont aussi les premières victimes, et pour laquelle ils réclament une enquête parlementaire.
"Après le virus du Sida, on continue aujourd'hui avec la variole du singe à répandre l'idée que les homosexuels ont des maladies, nous avait confié fin juillet Antony Vella, victime de violences verbales devant chez lui. Nous sommes avant tout des victimes. Tout cela contribue à la banalisation de l'homophobie."
Il est difficile aujourd'hui de dire si les violences homophobes ont progressé ces dernières semaines dans la ville rose. Mais ce qui est sûr, c'est que les victimes sont de plus en plus nombreuses à porter plainte pour que ces actes ne restent pas impunis.