Après un nouveau féminicide à Toulouse ce mardi 26 septembre, les moyens alloués pour lutter contre les violences faites aux femmes sont-ils suffisants ? Eléments de réponse avec Sandrine Floureusses, vice-présidente du Conseil départemental de la Haute-Garonne et responsable de l'observatoire des violences faites aux femmes, invitée de ICI 12/13 avec Patrick Noviello.
Un nouveau féminicide à Toulouse. Un homme s'est présenté mardi 26 septembre au commissariat de police pour expliquer qu'il venait de tuer son épouse. Celle-ci a été retrouvée chez elle, son corps baignant dans une flaque de sang. Elle aurait été frappée plusieurs fois au crâne par une masse. Selon les premiers éléments de l'enquête, ce couple recomposé avec trois enfants était inconnu de la justice, y compris pour des faits de violences intraconjugales.
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Sandrine Floureusses, vice-présidente du Conseil départemental de la Haute-Garonne en charge du Dialogue citoyen, de l'Égalité et des Jeunesses, et responsable de l'observatoire des violences faites aux femmes était l'invitée de ICI 12/23 présenté avec Patrick Noviello.
Quelle est votre réaction après ce 81e féminicide intervenu à Toulouse ?
Une réaction à la fois de tristesse devant des drames de plus en plus odieux. Vous décriviez ce qui s'était passé avec un petit marteau au delà de l'horreur. Et à la fois un message à la fois d'optimisme car dans les observatoires des violences, nous mettons tous les acteurs qui traitent de cette thématique autour de la table, police, justice,médecins, associations, tous ceux qui luttent contre ces violences et nous voyons des avancées sur le travail.
Mais la fondation des femmes a publié dans son dernier rapport annuel, paru il y a deux jours, qu'il faudrait consacrer 14 fois plus de moyens budgétaires à cette problématique. Qu'est devenue la grande cause nationale annoncée par Emmanuel Macron ?
Vous avez entièrement raison. Moi, je parle d'actions que nous menons avec l'État mais surtout avec les collectivités territoriales. Le grand manque, il vient de l'État. Grande cause, grande priorité du quinquennat. Et les moyens manquent. Cet été, il n'a échappé à personne que le problème du logement et de ses femmes qui se sont retrouvées à la rue avec des enfants et qui sont souvent même en précarité, victimes de violence, n'avaient pas de solution. À chaque fois, on revient vers les collectivités territoriales et nous répondons présents. Mais indéniablement il manque des moyens de l'État.
Certains attribuent ce manque de moyens, de structure d'accueil, d'hébergement, au fait qu'il y a un nombre de cas qui explosent. La parole se libère, il y a plus de plaintes ?
Le nombre de cas est beaucoup plus visible. Mais la libération de la parole et la visibilité des moyens d'accompagnement étant plus forts, on a l'impression que quantitativement cela augmente. En fait, les situations existaient déjà. Ce qui est positif, c'est que les femmes savent aujourd'hui qu'il y a des moyens d'accompagnement, des numéros verts, des solutions qui sont mises en place et par les collectivités et par l'État. Ça, c'est le côté positif. Et nous travaillons de manière commune. C'est une nouveauté depuis deux ans à travers l'observatoire des violences faites aux femmes, avec l'ensemble des acteurs. Comment accueillir la parole des femmes par les policiers, par les gendarmes ? Il faut avoir une culture commune. Cela a l'air anecdotique mais c'est terriblement important.
Toujours selon le rapport de la fondation des femmes, il faudrait 5 000 nouveaux enquêteurs et recruter 600 magistrats. On le sait les tribunaux sont engorgés, et pourtant, ces dossiers faut qu'ils aillent jusqu'au bout.
Vous avez entièrement raison, il y a la question de la formation, du logement mais aussi de l'accompagnement judiciaire. C'est d'ailleurs l'objet de notre 3e session interprofessionelle fin novembre au département de la Hautte-Garonne, pour comprendre comment améliorer tous ces processus.