Établissements scolaires, aéroports, sites patrimoniaux sont régulièrement évacués ces dernières semaines en raison d’alertes à la bombe. A Toulouse et sa région, ces alertes ont systématiquement été levées mais occasionnent chaque fois d’importantes perturbations. On fait le point sur les raisons de leur multiplication.
Tarbes, Montpellier, Carcassonne, Toulouse, en deux jours les alertes à la bombe dans les aéroports se sont multipliées en Occitanie. Un mail est à l’origine des alertes à la bombe des 3 premiers aéroports. Pour l’évacuation de celui de Toulouse ce mercredi 18 octobre, il s’agissait d’un colis suspect.
Évacuations en série dans les lycées
Dans le même temps, les alertes à la bombe se multiplient dans les établissements scolaires. Ce jeudi matin, 6 lycées de Toulouse, Colomiers, et Blagnac ont été évacués à la suite d’un mail annonçant des attentats à la bombe. Lundi 16 octobre, les élèves du lycée Rosa Parks à Toulouse ont été confinés à l’intérieur de l’établissement, cachés sous les tables. Ils y sont restés le temps pour les forces de l’ordre de déminer un véhicule suspect garé devant le lycée. Dans le même temps, deux alertes au colis suspect entraînent de nouvelles évacuations d’établissements scolaires à Lherm et Montauban.
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Même scénario en septembre. Au total, 3 400 lycéens étaient à leur tour évacués suite à des alertes à la bombe au lycée Marie Curie de Tarbes et Borde Basse à Castres.
Des évacuations sans attentat
Fort heureusement, ces alertes n’ont abouti à aucune attaque. Il s’agissait chaque fois de fausses alertes ou de canulars. Chaque alerte entraîne l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Arrêté, l’auteur de l’alerte de Tarbes sera jugé en décembre. Il risque jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Une peine qui peut être majorée à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende en cas de récidive par exemple.
Toutes les alertes prises au sérieux
“Toutes les alertes sont traitées avec le même sérieux”, insiste le parquet de Toulouse à la suite des évacuations des 6 lycées. Les mesures appliquées sont celles utilisées habituellement. Mais la vigilance s’est accrue depuis vendredi 13 octobre, et l’attaque du lycée d’Arras. La France est passée en alerte “urgence attentat”, c’est le niveau le plus élevé de Vigipirate.
La surveillance dans et aux abords des établissements scolaires est renforcée. Les sacs et les véhicules et les identités des personnes doivent désormais être contrôlés à l'entrée. Chaque sac abandonné ou véhicule suspect fait l’objet d’une alerte ce qui participe à l'augmentation des interventions des forces de l’ordre.
Un nombre d’alertes qui explose
Ces fausses alertes se multiplient depuis le mois de septembre et l’attaque au couteau dans le lycée d’Arras. Le parquet de Toulouse confirme d'ailleurs leur augmentation. "Elles ont toujours existé mais nous constatons une forte accentuation ces derniers jours", explique Fabien Depetris, délégué du syndicat de police Alliance en Haute-Garonne. "Nous avons le sentiment que c'est un jeu pour certains d'entre eux et pour nous, ces interventions deviendraient presque habituelles." Un phénomène inquiétant qui s'explique aussi par un effet de mimétisme : chaque fausse alerte donne des idées à d'autres, que ce soit de jeunes farceurs ou des terroristes. Les réseaux sociaux amplifient le phénomène : chaque évacuation entraîne la publication de nombreuses vidéos. Elles tournent en boucle et cumulent des millions de vues. "Avec toutes ces vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, ils surenchérissent les uns sur les autres", ajoute le policier. "Sauf que derrière, chaque intervention mobilise un nombre très important de nos effectifs. Pendant que nous sommes sur place, nous ne pouvons répondre aux appels d'urgence." Une mobilisation accentuée, alors que les forces de l'ordre sont déjà fortement mobilisées avec la coupe du monde de rugby.
Le même phénomène avait été constaté avec les piratages des ENT ( ces espaces numériques de travail pour les élèves). Leur nombre a diminué ces derniers jours avec l'arrestation de plusieurs auteurs. Ce lundi 16 octobre, le ministère de l'éducation recensait 168 alertes à la bombe visant les établissements scolaires français. Un chiffre qui a depuis, fortement augmenté et contribué à l'instauration d'un climat de psychose.