Une manifestation de soutien aux AESH se déroule ce mercredi 15 mai à Toulouse. Ces personnels chargés de l'accompagnement d'enfants en situation de handicap dans les établissements scolaires s'inquiètent pour l'avenir de la profession avec le projet de loi Blanquer.
C’est un métier difficile, mal payé et qui manque de reconnaissance. Et pourtant elles aiment leur profession. Emilie et Esther sont AESH (Accompagnant d’Elèves en Situation de Handicap) dans une école de Toulouse.
Faites le test. Demandez autour de vous. Qui sait ce que fait une AESH ? Bien peu de monde à part ceux qui sont directement concernés ou ceux qui travaillent dans l’Education nationale.
Derrière ce sigle, AESH, il y a des femmes et des hommes. Des femmes surtout qui travaillent dans les écoles pour aider les enfants qui souffrent d’un handicap.
Un accompagnement pour les enfants handicapés
Emilie a 30 ans. Depuis près de 3 ans elle s’occupe de deux enfants en difficulté dans une école du quartier St Cyprien à Toulouse.L’un est âgé de 10 ans et souffre de problème de comportement. Des crises de colère, des larmes, des envies de fuir et de se cacher. Emilie a parfois passé plusieurs heures avec lui dans les toilettes où il s’était réfugié.
L’autre a 8 ans, il a des difficultés de langage. Il faut l’aider à comprendre les consignes, à reformuler des phrases, à trouver des mots.
Les deux enfants aujourd’hui ont progressé. Leurs difficultés se sont estompées. Emilie se sent utile en observant les améliorations mais elle manque de reconnaissance. Et s’inquiète pour l’avenir. Leur statut est précaire. Leur salaire est très bas. A Toulouse, 723 euros par mois pour 24 heures par semaine mais ailleurs les AESH ne gagnent que 600 euros par mois.
Esther est âgée de 27 ans, AESH dans la même école qu’Emilie, elle est aussi inquiète pour l’avenir de la profession.
« C’est un beau métier, on crée des liens assez fort avec les enfants. C’est une satisfaction de les voir progresser et gagner en autonomie, explique Esther, mais les conditions de travail se dégradent. »
Les inquiétudes face au projet de loi Blanquer
Les deux jeunes femmes s’inquiètent du projet de loi Blanquer.Un dispositif, le Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé (PIAL) pourrait permettre de « mutualiser » le travail des AESH. 6 heures avec un élève dans une école, 8 heures ailleurs, 10 heures dans une autre école selon les besoins des chefs d'établissement.
Va-t-il falloir courir d’une école à l’autre pour s’occuper d’un enfant en difficulté ?
Pour Esther, le projet n’est pas clair, la question de la mutualisation reste floue.
« Ce dont on a peur, explique-t-elle, c’est que l’on nous donne 24 heures (de travail par semaine) et que l’on passe d’une école à l’autre, au détriment des besoins de l’enfant ».
Le statut précaire de la profession d’AESH est aussi pointé du doigt. Rien ne semble prévu selon la jeune femme, pour l’améliorer. « Aujourd’hui on peut faire des CDD (Contrat à Durée Déterminée) d’1 an renouvelable 6 fois. Le projet de loi prévoit des CDD de 3 ans renouvelable 1 fois. Le calcul est vite fait cela fait toujours 6 ans de précarité.
En Haute-Garonne les AESH se plaignent depuis longtemps déjà de ce statut.
Le sénat a entamé ce mardi 14 mai l'examen en première lecture du projet de loi "pour une école de la confiance", défendu par Jean-Michel Blanquer. Les sénateurs se prononceront le 21 mai prochain par un vote solennel sur l'ensemble du texte, déjà adopté en première lecture par l'Assemblée nationale.