Manque d'enseignants titulaires : le cri d'alarme près de Toulouse de parents d'élèves à deux jours du bac de français

A deux jours de l'épreuve du bac de français, les parents d'élèves d'une classe de première du Lycée Saint-Exupéry de Blagnac, tirent la sonnette d'alarme. Selon eux, leurs enfants ne sont pas suffisamment préparés pour cette épreuve. En cause ? l'absence d'un enseignant titulaire, remplacé par des profs contractuels jugés défaillants.

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"Nous ressentons un fort sentiment d'injustice car nos enfants ne partent pas avec les mêmes chances que les autres élèves". Ce parent d'élève ne cache pas sa colère. Le fils de ce Blagnacais, est en classe de première générale au Lycée Saint-Exupéry de Blagnac. Cet établissement public accueille 1 800 élèves et étudiants. Les élèves sont répartis entre filières du baccalauréat général, technologique et professionnel.

Dans deux jours il passe l'épreuve écrite du bac de français, l'oral lui est prévu dans deux semaines. Or la scolarité de cet élève de 17 ans et de ses camarades a été fortement perturbée cette année. "En septembre dernier, on nous a dit qu'il n'y avait pas de prof de français titulaire et que nous aurions des contractuels" explique le parent d'élève. "Nous avons eu une première prof remplaçante, mais elle n'est restée que 6 semaines. Ensuite nous avons eu un autre enseignant contractuel, mais cela a été très difficile" rappelle ce papa. 

Seulement 9 textes sur 16 étudiés

Voilà ce qu'il raconte dans un courrier, qu'il a adressé à la rédaction de France 3 Occitanie : "Très vite, les problèmes ont commencé, les cours étaient chaotiques, sans continuité, sans explication claire, le travail d'étude des textes n'a démarré que tardivement ce qui fait que les élèves de la classe de mon fils n'auront en tout et pour tout étudié que 9 textes sur l'année, dont 1 en 2h, sur les 16 prévus pour l'oral du bac de français. Par ailleurs, ces élèves n'ont pas fait de dissertation pendant toute la classe de 1ère, uniquement des commentaires de texte, oubliant ainsi toute une partie du programme, dont certains genres littéraires. "

Très vite, les parents d'élèves ont alerté le proviseur du lycée Saint-Exupéry. Mais selon le parent d'élève, rien n'a été fait. "On nous dit, c'est lui ou alors vous n'avez personne pour assurer les cours de français de cette classe de première". Quant à la proposition en début d'année de mettre un enseignant titulaire en première et un contractuel pour la seconde, elle a été refusée par la direction de l'établissement.

Une maman d'élève est aussi très inquiète. "Mon fils se fait beaucoup de soucis pour les notes. Ce n'est vraiment pas une façon de travailler, avec des enseignants contractuels qui ne sont pas encore formés. J'en veux à l'établissement, ça ne tourne pas rond" explique t'elle.

Une situation qui ne surprend pas les syndicats d'enseignants. Pierre Priouret est le secrétaire académique du SNES - FSU (Syndicat national des enseignants du second degré). Selon lui, "on est arrivé au bout de la logique et ce sont les élèves qui en pâtissent. Le système s'est tellement dégradé au fil des ans qu'on en arrive à ce type de situations". Et de rappeler qu'au niveau national en 5 ans, on avait gagné "20.000 élèves dans le second degré, tout en supprimant 8000 postes d'enseignants".

Manque criant d'enseignants

"Aujourd'hui on ne trouve plus d'enseignants. Les formations ne font plus le plein. Les contractuels - censés faire des remplacements ponctuels - sont de plus en plus engagés pour un an...faute de titulaires. Le vivier est vide" explique t'il.

"Les salaires sont insuffisants, les conditions de travail tellement dégradés avec un nombre d'élèves par classe en constante augmentation, qu'on n'arrive plus à recruter" déplore Pierre Priouret. "On n'en est pas encore à la situation du monde de la santé, mais on s'en rapproche dangereusement. Cela fait des années que nous tirons la sonnette d'alarme, mais on ne nous écoute pas" conclut-il.

Établissement sous tension

Ce n'est pas la première fois que ce lycée polyvalent fait parler de lui. Les tensions sont palpables depuis plusieurs années. En octobre 2021, 70 enseignants avaient fait valoir leur droit de retrait, pour protester contre leurs conditions de travail. Et en décembre 2018, le bâtiment avait été partiellement incendié par les élèves en colère.

Au moment de la publication de cet article, nous n'avions pas réussi à joindre le proviseur de cet établissement. En revanche, selon nos informations, la demande des parents d'élèves qui ont eu maille à partir avec ce professeur de français remplaçant, n'est pas restée lettre morte. Chaque élève qui va passer l'oral de français dans 15 jours, aura en sa possession un document délivré par la direction de l'établissement blagnacais. Document demandant à l'examinateur d'être indulgent dans sa notation, eu égard au contexte dans lequel les élèves ont préparé ces examens.

 

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