Maux de tête, irritations : la production chaque nuit de 1000 à 2000 tonnes de bitume par une nouvelle usine "temporaire" inquiète des riverains

Un site de production de bitume de Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), installé temporairement pour les besoins de la réfection de la chaussée de l’A64 suscite de grandes inquiétudes chez certains riverains.

De bruit la nuit, des odeurs de goudron « insupportables », l’émission de poussières… des habitants de Villeneuve Tolosane sont excédés. La raison de leur colère : une usine d’enrobé temporaire installée à proximité de leurs habitations, avenue de Palarin, sur le commune de Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne).

Ce site produit en effet, depuis le mois de mars 2024, du bitume destiné à la réfection de la chaussée de l’A64. La production quotidienne d’enrobé à chaud prévue s’élève à 1000 à 2000 tonnes par nuit, pour un total de 55 000 tonnes nécessaires au chantier. Elle a lieu entre 22h et 5h du matin, sur le site des sablières Malet, pour le compte de VINCI, la société donneur d’ordres qui a la charge de la réfection de la chaussée de l’A64.

Maux de tête, irritations...

Problème : certains riverains ressentent des maux de tête, des picotements au nez et des irritations de la gorge. Ils craignent pour leur santé et celle de leurs enfants, comme en atteste ce témoignage posté sur Facebook :

Un collectif de riverains a alerté les autorités. "Nous sommes très inquiets, nous souhaitons que l'activité de l'usine d'enrobé s'arrête immédiatement et que la suite de la production se fasse ailleurs, sur un site loin des habitations", témoigne Jamel, l'un de ces riverains.

Le site poursuit son activité mais fait l’objet d’une surveillance. Atmo Occitanie, l’organisme agréé par l’Etat pour assurer la surveillance de la qualité de l’air sur le territoire de notre région, réalise des relevés quotidiens afin de vérifier les émissions de l’usine d’enrobé, depuis le début de la production en mars.

Les relevés réalisés par Atmo sur le site de production de bitume sont rendus publics sur son site (pour lire les données, il faut ensuite sélectionner la case « Portet-sur-Garonne – Industriel 31 »).

Contacté, ATMO assure que les émissions enregistrées n’ont pas encore été analysées dans leur globalité et ne souhaite pas se prononcer sur le respect des normes. Tout au plus précise-t-on que, sur un an, le seuil moyen par jour ne doit pas dépasser 40 microgrammes de dioxyde d’azote par mètres cube émis. Les émissions de dioxyde d’azote varient selon la production journalière de l’usine et sa dispersion dépend des éléments météorologiques. Reste que le dioxyde d’azote est un gaz nocif pour la santé respiratoire à court et à long terme (asthme, allergies). Il est caractérisé par une odeur âcre, piquante, ce qui correspond aux témoignages de riverains.

Le maire de Villeuneve-Tolosane, Romain Vaillant, s’est rendu sur le site de production d’enrobé le 27 mars, accompagné du maire de Portet-sur-Garonne. « Nous n’avons pas constaté de bruit ce soir-là, en revanche nous avons constaté des odeurs et des poussières. Je fais confiance à la Dreal et j’estime pour ma part qu’aucun seuil d’alerte n’a été atteint, et que si tel était le cas, nous en aurions été informés par les services de l’Etat », assure-t-il.

La cheminée relevée

Par ailleurs, un représentant de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) d’Occitanie s’est également rendu sur le site de l’entreprise Malet le 26 mars, là où est produit l’enrobé. Suite à cette visite, la cheminée de l’usine a été relevée le 2 avril dernier, passant de 17 à 22 mètres de hauteur. Plus la cheminée étant haute, mieux les émissions se répartiraient dans l’air. « Ce relèvement de 5 mètres n’est pas suffisant, on a encore des fumées qui sont rabattues vers nos habitations, surtout lorsque le vent d’Autan souffle. Il faudrait des cheminées beaucoup plus hautes » déplore Jamel, l’un des riverains.  

Avis Defavorable de La Mair... by France 3 Tarn

Dès l’enquête publique réalisée du 6 novembre au 4 décembre 2023, quant à l’implantation de cette usine temporaire sur le site des sablières Malet, les habitants avaient fait part de leurs inquiétudes. La mairie de Portet-sur-Garonne avait d’ailleurs rendu un avis défavorable à l’implantation de cette usine.

« Nous avons porté la parole des citoyens auprès de la Préfecture et avons émis un avis défavorable en novembre 2023, suite au dossier qui avait été présenté par les sablières Malet. Le dossier ne nous semblait pas contenir toutes les garanties nécessaires suite aux inquiétudes légitimes des habitants »

Thierry Suaud, maire de Portet-sur-Garonne.

De son côté, la députée de la 9ème circonscription de Haute-Garonne, Christine Arrighi, avait également envoyé un courrier à la Préfecture afin de proposer des conditions à l’implantation de cette usine, afin de préserver la santé des riverains.

« Le 6 décembre dernier, Christine Arrighi a fait part de ses réserves quant au choix du site de Portet, soulignant que d’autres sites de production d’enrobé existaient déjà à proximité de l’A64 », précise son collaborateur, Antoine Maurice.

Courrier de Christine Arrighi by France 3 Tarn

Vinci a assuré au maire de Portet-sur-Garonne que le chantier avançait plus vite que prévu, et que la production d’enrobé devrait se terminer à la mi-mai, au lieu du mois de juin. Les nuisances devraient alors avoir disparues. D’ici là, tous les habitants du secteur qui le souhaitent peuvent témoigner des nuisances odorantes ressenties via le site d’Atmo Occitanie. L’organisme réalisera une analyse globale au terme des relevés.

Nuages de poussières

Reste un problème à plus long terme: les nuisances causées par la production de sable pour l'industrie par ce même site de Portet-sur-Garonne de l'entreprise Malet, dont l'entreprise de travaux publics Colas (filiale de Bouygues) est actionnaire depuis 2017. "Nous voyons des nuages de poussières se déposer dans nos jardins, sur nos rideaux, sur notre linge, dans les piscines. A cette vue, nous sommes très inquiets de ce que l'on respire" souligne Jamel, un riverain. Depuis le rachat par Colas, il estime que les cadences de production se sont largement intensifiée, causant de plus amples nuisances. "Ils font comme si personne n'habitait autour. Les cadences ne peuvent pas se faire au détriment de la santé des riverains ! Ce n'est pas possible !" s'insurge cet habitant. La discorde dépasse donc largement celles liée à la production du bitume réfection de la chaussée de l'A64.

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