Les municipales privent, pour le moment, les agents de la mairie de Toulouse d'une prime covid

Les majorités de la mairie de Toulouse et de Toulouse Métropole ont décidé de ne pas attribuer de primes aux agents ayant travaillé durant la crise du coronavirus avant le second tour de l'élection municipale afin de ne pas être taxé "d'électoralisme".

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"Soit ils n'ont pas voulu montrer qu'ils étaient trop généreux vis à vis des agents, soit ils ont eu peur de provoquer un conflit social avant le second tour des élections municipales en versant des primes pas assez importantes." Ce syndicaliste de Toulouse Métropole, souhaitant rester anonyme, a une idée bien précise pour expliquer le refus de l'actuelle majorité à la mairie de Toulouse et à Toulouse Métropole de verser la prime covid aux agents territoriaux avant le second tour de l'élection municipale. 

Le sujet a été évoqué lors de deux comités techniques, le 17 avril et le 9 juin, avec les syndicats : "Lors de cette première réunion nous avons été choqués, explique Thomas Barby de la CGT. Ils n'avaient rien à nous dire si ce n'est que la question serait abordée en octobre. Vu notre réaction, ils ont fini par évoquer la date de septembre. Lors du deuxième comité, des propositions nous ont été présentées.

Pas de refus, ni de validation

Selon nos informations les services de la mairie ont mis sur la table les mesures suivantes : le versement d'un prime forfaitaire de 1000 euros pour les agents ayant travaillé au moins 15 jours, au plus près de la maladie dans les EHPAD et les Centres Covid ; une prime pour les éboueurs et les agents de la propreté calculée en fonction du nombre de jours travaillés ; une prime enfin pour les agents ayant travaillé en télétravail.

"Le principe et les modalités de calcul ont été actés pour le deuxième groupe (celui des éboueurs) mais pas le montant de la prime journalière, affirme Nicolas Refutin de Force Ouvrière. Nous nous avons proposé 35 euros par jours de travail. Pour le moment, il n'y a pas eu de refus de la part de la direction." Ni de validation. Pour les deux collectivités, il semble urgent d'attendre. 

Conséquence directe : les éboueurs ont exprimé leur colère dans la presse locale. Ceux que l'on surnommait les "héros du quotidien", durant le confinement, demandent aujourd'hui des explications sur les raisons de ce report : "On nous avait dit que nous toucherions cette prime en juin, et petit à petit, on entend dire que la date est repoussée. Nous aimerions qu’elle soit versée avant les élections pour que nous soyons sûrs de la toucher." déplore un éboueur dans l'édition du 19 juin de la Dépêche du Midi. Menaçant d'une grève, tous les camions poubelles sont pourtant sortis ce vendredi matin.

Une enveloppe d'un million d'euros
 

La municipalité actuelle s'est engagée à le faire. Elle nous a expliqué ne pas vouloir effectuer cette dépense durant les élections afin qu'on ne lui en fasse pas le reproche.

Jean-Luc Leto, syndicat UNSA

Le montant de l'enveloppe est loin d'être négligeable : près d'1 million d'euros selon les informations données à l'ensemble des organisations syndicales.

Pourtant ces primes ont déjà été votées sans problème dans des villes comme Paris, Marseille ou Colomiers. "A Paris, la décision de verser cette prime a été prise très vite, avant l'annonce de la date du 2e tour" explique Nicolas Refutin.

Toulouse a été trop attentiste. La ville a attendu la publication des textes et a laissé passer l'occasion. L'actuelle majorité a été pris à son propre piège et pourrait être taxée d'électoralisme si elle l'attribuait.

Nicolas Refutin, syndicat Force Ouvrière

Pour la CGT, cet épisode est le reflet de la mauvaise gestion de la crise par le maire, Jean-Luc Moudenc.

"Ils n'avaient rien prévu et se sont retrouvés en panique. En revanche, des économies ont été faites sur le dos des agents. Les tickets restaurants ont été enlevés, 5 jours de RTT ont été imposés et désormais on bloque la prime."   

Thomas Barby, syndicat CGT

Une tactique électorale ?

Difficile d'imaginer que l'attribution de cette prime exceptionnelle aux agents de la fonction publique territoriale puisse susciter la polémique. Malgré les rumeurs, la liste d'Archipel Citoyen confirme que si elle est élue, elle s'engage également à payer cette somme : "Ne serait ce que le laisser sous entendre, cela est très désagréable. Nous sommes et nous serons aux côtés des agents. Nous accorderons cette juste récompense. C'est une évidence.

Les syndicats ne veulent pas croire à une instrumentalisation politique de ce dossier : "Cela serait mal calculé de croire que les agents voteront pour l'actuelle majorité afin d'obtenir leur prime. Ce genre de tactiques cela ne marche plus." assure l'un d'eux.

Contactée l'équipe du candidat Jean-Luc Moudenc n'a pas souhaité commenter ce sujet qu'elle ne considère pas être "un sujet de campagne électorale". De leur côté, la mairie de Toulouse et la Métropole ce soir se contentent de déclarer, sans répondre à nos questions, que "le principe de l’attribution d’une prime pour les personnels ayant œuvré pendant la crise sanitaire est acquis, mais il devra être acté en Conseil de la Métropole et municipal par la prochaine mandature."

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