Les agriculteurs restent mobilisés contre les zones de non traitement (ZNT) aux pesticides instaurées début janvier en France. Ils l'ont dit une nouvelle fois devant la préfecture de la Haute-Garonne jeudi soir.
Un peu plus d'un mois après leur mise en place, imposée par l'Etat, les zones de non traitement aux pesticides ne passent toujours pas pour les agriculteurs. Ils ont manifesté jeudi soir à Toulouse, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA). Dans une ambiance bon enfant, une cinquantaine d'entre eux ont déversé des bottes de paille devant la préfecture de la Haute-Garonne.
Un moratoire réclamé
"Laissez nous travailler. ZNT : nourriture étrangère" pouvait-on notamment lire sur les bâches déployées devant la préfecture.Comme dans le Gers où ils avaient manifesté fin janvier, les agriculteurs réclament un moratoire sur les ZNT et le report de l'arrêté.Ils demandent aussi la conduite d'une étude par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et des instituts techniques agricoles.
D'autres actions prévues
Selon la FDSEA de la Haute-Garonne, entre 15 000 et 20 000 hectares de terre à cultiver ont été perdus en Haute-Garonne avec la mise en place des ZNT. Le syndicat réclame des compensations financières à l'Etat. Une délégation doit être reçue en préfecture le 18 février. D'autres actions sont d'ores et déjà programmées dans le département si les agriculteurs ne s'estiment pas entendus.Un arrêté applicable au 1er janvier 2020
Les zones de non traitement aux pesticides ont fait l'objet d'un arrêté applicable au 1er janvier 2020. Il instaure des limites de 20 mètres, 10 mètres ou 5 mètres selon les produits et le mode d'administration utilisés entre une zone de traitement et des habitations.Depuis son annonce, il suscite aussi bien la colère des associations de protection de l'environnement qui le jugent insuffisant que celle des agriculteurs qui l'estiment beaucoup trop contraignant et dénoncent les hectares de culture pour lesquels la compensation financière reste floue.
Un recours au Conseil d'Etat
De son côté, la Coordination rurale a saisi mardi le Conseil d'Etat pour faire annuler cet arrêté. En attendant que la plus haute juridiction administrative se prononce sur le fond, le syndicat a annoncé avoir déposé mercredi une requête en référé-suspension afin de faire suspendre l'application de cet arrêté en urgence."Cet arrêté entraîne une réduction significative des surfaces cultivées sur l'ensemble du territoire national et, corrélativement, une baisse importante de production et du chiffre d'affaires des cultures concernées", indique la Coordination rurale, qui, parmi ses arguments, entend faire valoir notamment que l'arrêté "compromet la compétitivité de l'agriculture" et "a été adopté à l'issue d'une procédure irrégulière, en l'absence d'étude d'impact".
Le Conseil d'Etat, qui a examiné ces requêtes lundi, doit se prononcer vendredi.