Jean-François Lamassé, agriculteur depuis 26 ans : "il faut arrêter de croire qu'on pulvérise des produits par plaisir"

Vent debout contre le projet de décret sur les zones d'épandage des pesticides, Jean-François Lamassé est de toutes les manifestations depuis pour dire son désaccord. Installé à Sabonnères, en Haute-Garonne, il défend ses pratiques et sa profession, mise à mal ces derniers mois.

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Jean-François Lamassé est installé comme agriculteur depuis 1993. Sur son exploitation de 145 hectares, dans les côteaux de Sabonnères, à la limite de la Haute-Garonne et du Gers, il cultive du blé, de l'orge et du colza. Depuis l'annonce du projet de décret fixant à 5 mètres ou 10 mètres, selon les cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de pesticides, cet agriculteur de 49 ans ne décolère pas. 
 

7 à 8 hectares perdus

Le décret des 5 mètres, c'est hors de question. C'est zéro mètre. La terre, on la paie jusqu"au coin du fossé, donc il est hors de question qu'on ne l'exploite pas jusqu'au coin du fossé.

"Sur cette parcelle, en limite d'une habitation" nous montre-t-il, "je perdrais 950 mètres sur toute la longueur et sur 5 mètres de large. Ici, ça fait déjà un demi-hectare. Si on commence à faire un demi-hectare là, un demi-hectare là et encore un demi-hectare là, ça va être compliqué !" Il a fait ses calculs : "ça va me faire perdre entre 6 et 8 hectares sur mon exploitation". Et ça, pour lui, il n'en est pas question. "Nous, la terre, on l'a payée jusqu'ici donc il faut qu'on la rentabilise jusqu'ici" s'exclame-t-il en montrant la clôture de son voisin. 
 

Des produits "aux normes et contrôlés"

Jean-François Lamassé en est persuadé, les produits qu'il utilise ne sont pas dangereux. D'ailleurs, il ne parle pas de pesticides mais préfère parler de produits phytosanitaires et de "santé des plantes".
"Les produits dont on se sert, ce sont des produits aux normes" martèle-t-il. "On a des pulvérisateurs qui sont aux normes, qui sont contrôlés, on a des buses anti-dérive donc, même à 70 Km/heure, on pose le produit sur la plante et pas à côté, en sachant qu'on passe maximum entre 12 et 16 minutes par an à cet endroit-là avec un pulvérisateur". 
"Si on ne traite plus, on va se retrouver avec des mauvaises herbes, avec des insectes nuisibles... Le problème, c'est que ça va faire un nid et après, au lieu de traiter une fois dans le champ, il faudra peut-être traiter trois fois".
 

Un usage "mesuré

Il faut savoir qu'à chaque fois qu'on passe avec un pulvérisateur, ça nous coûte de l'argent. Donc, on ne passe pas des produits par plaisir. 

Lui, il l'assure, il traite ses champs de façon "mesurée" et en fonction des cultures et selon les années. Un traitement herbicide par an, un à deux de fongicide et deux d'insecticide pour le colza. "L'an dernier" souligne-t-il, "sur 145 hectares, j'ai passé 20 hectares seulement, et une seule fois, au glyphosate, avant de semer du blé. Pour mes autres champs, j'ai fait un désherbage mécanique. S'il n'y a pas besoin de traiter, je ne traite pas. Je le dis toujours aux gens inquiets qui me posent des questions : venez sur mon exploitation, venez voir comment je travaille, si on analyse mon blé, je suis sûr qu'il n'y a pas la moindre trace de glyphosate dedans."
 

Un problème politique

Adhérent à la FDSEA, Jean-François Lamassé dénonce comme ses représentants, "un agribashing" devenu permanent ces derniers mois. Pour lui, ce projet de décret est "un problème politique, un enjeu électoral et un problème de communication". "Ceux qui veulent nous imposer des bandes de 5 mètres aujourd'hui, ce sont les mêmes qui veulent faire entrer en France du boeuf canadien nourri aux farines animales".
 

Des règles à géométrie variables, selon les pays

Car c'est bien là que le bât blesse, pour Jean-François Lamassé comme pour de nombreux agriculteurs : des règles bien plus drastiques en France que dans de nombreux pays d'où elle importe une partie de son alimentation. "Il faut que tout le monde ait les mêmes règles. On nous impose des choses à nous alors que si vous allez en Espagne, ils ont des matières actives et des produits phytosanitaires qui sont interdits chez nous depuis 7 ou 10 ans ! C'est pareil avec le Canada. Certains désherbants utilisés là-bas contiennent de l'atrazine ou de la simazine qui sont interdites en France et je ne vous parle pas des concentrations. Nous, on utilise maximum 2 litres de glyphosate à l'hectare avec des concentrations de 320 à 360 grammes par litre. Au Canada, la concentration du produit est plus importante, et c'est plutôt 4 voire 5 litres à l'hectare..."
 

Déterminé à se faire entendre

Jean-François Lamassé est de toutes les manifestations de contestation, depuis l'annonce de ce projet de décret. Après avoir allumé des feux de la colère dans la campagne, il a participé à une action de sensibilisation du public samedi place du Capitole, à Toulouse. Et il sera ce mardi dans la manifestation prévue à Toulouse. "Plus que jamais" décidé à se faire entendre.
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