Le variant Omicron se propage à grande vitesse sur tout le territoire, notamment en Occitanie. Est-il incontrôlable ? Devons-nous nous en inquiéter ? Eléments de réponse avec le Pr. Jacques Izopet, chef du service virologie au CHU de Toulouse.
Le variant Omicron continue de se propager en France. Près de 300.000 nouvelles contaminations ont été enregistrées ces dernières 24 heures, a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce mardi 4 janvier. À Toulouse, 9 contaminations sur 10 sont liées à ce nouveau variant sud-africain. Alors que la pression hospitalière se densifie en Occitanie, nous avons interrogé le professeur Jacques Izopet, chef du service virologie du CHU de Toulouse, sur la dangerosité d'Omicron.
À quelle vitesse se propage le variant Omicron ?
Au niveau de l’ère urbaine toulousaine, nous réalisons entre 1.000 à 1.500 prélèvements par jour. Début décembre, à la semaine 49, 1% des cas positifs étaient relatifs au variant Omicron. Semaine 50, 10%, semaine 51 : 50% et la dernière semaine de décembre, nous étions à 80% des contaminations.
C'est une propagation très rapide. Le temps de doublement des cas se situe entre deux et trois jours.
En cette semaine de début janvier, nous serons à plus de 90% de variant Omicron sur l’agglomération toulousaine.
Est-ce que cela vous inquiète ?
Cette progression est plus rapide que tous les autres variants, y compris le Delta. Le variant Omicron est devenu prépondérant en un temps très court. Mais c’est difficile de le comparer aux autres car nous sommes en hiver, plus souvent à l’intérieur, donc la circulation virale est plus forte. On s’attendait à cette propagation rapide, car elle avait déjà été observée en Afrique australe.
D’un point de vue virologique, il n’y a pas d’inquiétude particulière car une avons déjà vécu une telle évolution. Des études préliminaires avec des résultats encourageants montrent que le taux d’hospitalisation pourrait être plus faible qu’avec les autres variants.
Ce nouveau variant engendre-t-il une hausse des hospitalisations ?
Il y a en ce moment beaucoup plus de patients hospitalisés pour le variant Delta que Omicron. En terme de dynamique, il y a une augmentation modérée des hospitalisations mais il n’y a, pour le moment, pas de proportionnalité avec l’augmentation de l’incidence de Omicron dans la population générale.
Mais la prudence reste de mise car en France nous n’avons, pour l’heure, pas suffisamment de recul.
Cette déconnexion entre la forte circulation du variant Omicron et les hospitalisations qui augmentent de manière modérée s’explique par l’efficacité des vaccins contre les formes graves. Ce qui confirme que la vaccination protège bien d’Omicron.
Néanmoins les caractéristiques de ce variant n’empêchent pas une infection chez une personne vaccinée, mais limite le risque de développer une forme grave.
Comment voyez-vous les prochaines semaines ?
Il est difficile de savoir ce qui va se passer. On n’est pas encore au pic de circulation du variant Omicron, on devrait l’atteindre entre la mi voire la fin janvier. Ce qui risque d’être compliqué c’est que le personnel soignant pourra être aussi infecté, tout comme les plus fragiles, cela pourrait aggraver la pression hospitalière qui est déjà forte actuellement.