Le collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine exige un couvre-feu strict des vols de nuit, seule mesure efficace selon lui pour assurer la tranquillité nocturne des riverains de l'aéroport Toulouse-Blagnac. Chantal Beer-Demander sa présidente répond à nos questions.
Depuis 15 ans le collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine milite pour réduire les vols de nuit et les nuisances sonores qui les accompagnent. L'aéroport Toulouse Blagnac (ATB) s'est notamment engagé à ne programmer aucun vol commercial entre minuit et 6 heures du matin. Insuffisant pour le collectif qui exige désormais un couvre-feu strict.
France 3 Occitanie : Pourquoi estimez-vous que les promesses faites par ATB pour réduire les vols de nuit ne sont pas tenues?
En guise de réponse je vais vous donner un chiffre. 473 c'est le nombre de vols de nuit que l'observatoire Coeur de nuit a comptabilisé sur la période estivale l'an dernier. Certes, aucuns vols ne sont programmés entre minuit et 6 heures mais 473 avions ont atterri et/ou décollé sur cette plage horaire l'été dernier. ATB prétend que les retards et dérives ne sont pas de leur responsabilité.
Mais en même temps, il bat le record de programmation de vols commerciaux passagers prévus entre 22h et minuit. La compagnie RyanAir est devenue, et de très loin, la première compagnie opérant après 22h à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Avec plus de 1300 vols, elle représente plus de 30% des vols passagers sur cette tranche horaire (pour un peu plus de 400 pour Air France) et près de la moitié des débordements après minuit. Il y a trop de vols programmés, donc trop de retards potentiels et de nuisances à la clé.
France 3 Occitanie: Quelles solutions proposez-vous sans impacter l'économie et l'emploi des compagnies aériennes ?
L'argument économique ne peut prévaloir sur tout. Je vous rappelle que l'ATB est à 6km de la place du Capitole et provoque des nuisances sonores essentiellement dans des quartiers très peuplés et défavorisés. Nous préconisons un couvre-feu strict à partir de minuit et jusqu'à 6 heures du matin. À la question de l'emploi menacé? Je réponds que les vols qui n'atterriront pas ou ne décolleront pas de chez nous après nuit, seront forcément programmés à d'autres horaires.
Pas d'inquiétudes donc pour l'emploi. Notre aéroport doit-il se plier aux exigences financières et opérationnelles des compagnies ou celles-ci doivent-elles adapter leurs horaires pour accéder au deuxième aéroport le plus urbanisé de France ? C’est la vraie question que nous devons nous poser.
France 3 Occitanie : Le modèle que vous proposez existe-t-il ailleurs ?
Bien sûr. L’aéroport le plus urbanisé de France, celui d’Orly, dispose à la fois d’un couvre-feu et d’une politique tarifaire qui empêche le développement anarchique des vols « low-cost ».
À Toulouse, les réductions de redevances pour doper le trafic affichent une réduction allant jusqu’à 75% et la Taxe Sur les Nuisances Aériennes (TNSA) a baissé de 20% en 20 ans, alors qu’elle a augmenté de 20% pour Orly et a été multipliée par plus de 4 pour Nantes-Atlantique. Visiblement pour l’État et les élus qui siègent au Conseil d’Administration d’Aéroport de Toulouse-Blagnac, la santé des habitants de la Métropole de Toulouse, riverains de l’aéroport (plus de 100 000), n’a pas la même valeur que celle des riverains de l’aéroport d’Orly.