"On parle de souffrances absolument atroces" : bébé grièvement brûlé à la soude, l'avocat de la famille veut faire payer un million d'euros à Aldi

Le petit Waïl, âgé d'un an et dix mois, a été très grièvement brûlé en jouant dans un parc de Toulouse, le 18 septembre 2024. De la soude avait été déversée dans l'aire de jeux. Un produit acheté chez Aldi par deux mineurs. L'avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, annonce porter plainte contre l'enseigne et lui réclame un million d'euros. Entretien.

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Comment un produit hautement toxique a-t-il pu être vendu à des collégiens de douze ans ? C'est la question posée par Me Pierre Debuisson, l'avocat de la famille du petit Waïl, brûlé au troisième degré après avoir joué dans un parc où les deux mineurs suspects ont avoué avoir déversé de la soude. Deux actions en justice vont être lancées contre Aldi, le magasin ou le produit a été acheté. Une plainte au pénal pour mise en danger de la vie d'autrui et une action au civil pour obtenir réparation à hauteur d'un million d'euros.

"Forme de désintérêt, voire de mépris"

"Le drame qui touche cet enfant d'un an et dix mois est la résultante de toute une série de dysfonctionnements et de manquements très graves", estime Me Pierre Debuisson. D'abord, il y a le fait qu'un ou plusieurs salariés ont accepté de vendre à des mineurs des produits chimiques extrêmement toxiques, de la soude, à "des gamins de 12 ans". "Non seulement cela va à l'encontre du bon sens, mais en plus c'est interdit par un décret datant de 2021", précise l'avocat.

Autre point particulièrement choquant : l'attitude d'Aldi face à la maman du petit Waïl qui, quelques jours après le drame, s'est rendu dans le magasin pour tenter d'obtenir des explications.

Elle a été reçue avec une absence totale de bienveillance, avec une forme de désintérêt, voire de mépris. Et ça, c'est absolument inacceptable.

Me Pierre Debuisson, avocat de la famille du petit Waïl

Pas un coup de fil passé à la maman de la petite victime afin de présenter des excuses ou prendre des nouvelles du petit garçon. "Ça signe la culture d'une entreprise qui ne pense qu'à l'appât du gain et qui n'en a que faire de la santé de ses consommateurs, fustige Me Debuisson. C'est totalement inadmissible et inacceptable."

Il est certain que si Aldi avait respecté la loi et n'avait pas commis cette faute, ce drame ne serait jamais intervenu.

Me Pierre Debuisson, avocat de la partie civile

Le groupe Aldi France ferait-il des économies sur la formation de ces salariés ? Me Debuisson s'interroge et s'inquiète d'une éventuelle pratique généralisée dans la longue liste des supermarchés de l'enseigne. L'avocat annonce porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui et complicité de blessures volontaires.

Pour l'heure, l'enseigne Aldi n'a toujours pas réagi.

Un million d'euros de dommages et intérêts

Le montant peut paraître important, mais il est, selon l'avocat, tout simplement à la hauteur des préjudices subis par Waïl et sa famille. "On parle de souffrances endurées, absolument atroces."
Vendredi 27 septembre, Waïl a déjà subi une lourde opération, avec une anesthésie générale de près de six heures, pour une greffe de peau, détaille le conseil de la famille. Une nouvelle opération est programmée ce mardi 1ᵉʳ octobre.

Tous les jours, ce sont des cris et des pleurs lorsqu'il faut vérifier que l'enfant ne fait pas d'infection sous son pansement. Et il reste bon nombre d'incertitudes quant aux séquelles de cette brûlure au troisième degré.

On ne sait pas s'il pourra marcher normalement, s'il pourra courir normalement, s'il pourra avoir une vie normale.

Me Pierre Debuisson

Pour l'avocat, pas question de juger le comportement des deux mineurs suspectés d'avoir répandu de la soude dans l'aire de jeux de Rosa Parks, dans le quartier des Izards à Toulouse. "Ce sont des enfants". Le 25 septembre, après une semaine d'enquête, le procureur de Toulouse a annoncé que deux collégiens de 12 ans avaient reconnu être les auteurs des faits, et "expriment de profonds regrets sur les conséquences de leur action".

Inconnus jusque-là de la justice, les deux jeunes ont été remis à leurs parents après deux jours passés en rétention. Ils devaient être examinés par un psychiatre pour vérifier leur capacité de discernement, et n'encourent qu'une mesure éducative. L'un des mineurs sera jugé à Toulouse et l'autre à Narbonne en raison de son lieu de résidence.

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