Dans le cadre du festival Le Nouveau Printemps, une exposition inédite permet de découvrir les vestiges antiques et médiévaux enfouis sous le Palais de justice de Toulouse. Une plongée de plus de 2000 ans dans l'histoire judiciaire de la ville rose.
L'endroit est méconnu, un peu oublié. Il est d'autant plus exceptionnel d'aller le visiter. Située sous l'imposant Palais de Justice, la crypte archéologique de Toulouse abrite les traces d'un riche passé remontant à l'Antiquité romaine.
Pour sa deuxième saison, le festival Le Nouveau Printemps a investi le quartier des Carmes à Toulouse (Haute-Garonne). Ce festival annuel qui fait suite au Printemps de septembre fondé en 1991 accompagne des artistes à travers de nouvelles créations en lien avec une ville et notamment le Palais de justice de Toulouse.
Cette année, l'exposition du festival ouvre donc les portes du sous-sol du Palais de justice de la ville rose.
2000 ans d'histoire
Découverte au début des années 2000 à l'occasion des travaux de rénovation du Palais de justice, cette crypte archéologique est située sur l'ancienne voie romaine et marque les vestiges antiques et médiévaux de plus de 2000 ans d'histoire toulousaine.
Laurence Bardiaux, directrice de greffe de la cour d’appel de Toulouse nous guide : "C'est un espace de 600m2 sur lequel il y a une partie de la voie romaine et les bases du château Narbonnais construit au Moyen Âge".
Sur les bases de ce château a été construite la grand’chambre inaugurée en 1492, c’est la salle du parlement de Toulouse qui existe toujours et dans laquelle il y a toujours des audiences civiles.
Laurence Bardiaux, directrice de greffe de la cour d’appel de Toulouse.
"La crypte est incroyable et montre que depuis 2000 ans, la justice est une tradition ici. Mais nous n’avons pas encore tout découvert " souligne Laurence Bardiaux.
Une tour enfouie
Laurence Bardiaux poursuit : "Il y a un endroit que l’on appelle la cour des palmiers, c’est une cour intérieure avec des palmiers dans des pots".
Ils n’ont pas été plantés en pleine terre parce que l’on pense que sous ces palmiers, il y a aussi une tour du château Narbonnais qui reste à découvrir.
Laurence Bardiaux, directrice de greffe de la cour d’appel de Toulouse.
100 000 sacs à procès
Fascinée par les archives, l'autrice et artiste franco-suisse Karelle Ménine s’est plongée pour cette exposition, dans le fond judiciaire des Capitouls composé de centaines de milliers de sacs à procès, de petits sacs en toile.
Ces sacs à procès sont des procédures judiciaires du parlement de Toulouse, le deuxième parlement créé en France après celui de Paris au milieu du XVe siècle.
Anne Goulet, directrice des archives départementales de la Haute-Garonne explique : "Nous conservons les arrêts, les jugements du parlement de Toulouse et environ 100 000 sacs à procès, donc 100 000 procédures judiciaires des XVIIe et XVIIIe siècle puisque malheureusement, un incendie à la fin du XVIe siècle a fait disparaître les sacs à procès plus anciens".
L'affaire est dans le sac
Les sacs contiennent les pièces de procédure, les différents interrogatoires, les rapports et les éventuels rapports d’autopsie. "On les suspendait et lorsque l’affaire était finie d’être instruite et bien on considérait que l’affaire était dans le sac", précise Anne Goulet.
Une fois le jugement rendu, le greffier du parlement empilait ce sac dans un coin, ce qui explique que l’on ait trouvé à la fin du XVIIIe siècle des empilements énormes de sacs.
Anne Goulet, directrice des archives départementales de la Haute-Garonne.
Mémoire de la vie des gens
Anne Goulet garde en souvenir quelques exemples de ces procédures : "Il y a beaucoup d’histoire de meurtre mais aussi de rixe à la sortie des cabarets par exemple, il y a aussi une procédure d’homicide avec un rapport d’autopsie sur une simple feuille recto verso qui dit où la blessure a été faite car il y a eu mort d’homme".
On a des exemples comme une histoire de charivari, c’était une veuve qui s’était remariée et des habitants étaient venus faire une sorte de vacarme en bas de ses fenêtres le soir de son mariage.
Anne Goulet, directrice des archives départementales de la Haute-Garonne.
Ces archives ont été produites au Moyen Âge et elles continuent d’être produite au XXIe siècle. Des témoignages extraordinaires de notre histoire à découvrir jusqu'au 30 juin 2024.