Premier distributeur du tabac en France, Logista fait face à un plan social. Une des quatre plateformes françaises, située à Colomiers en Haute-Garonne, devrait fermer en septembre prochain. Pour tenter de protéger leurs emplois, les salariés sont en grève.
Dans son bureau de tabac de Toulouse, Nicolas attend toujours d'être livré. Derrière lui, son étal de cigarettes est désespérément vide. Ne restent que les marques peu vendues. "On devait être livré mardi, explique le buraliste. Ça ne fait qu'un an que je suis là, mais je n'ai jamais connu ça. Même en temps qu'acheteur."
Si ça continue, on va devoir fermer
En attendant, il est suspendu au planning de livraison et devrait savoir dans les prochains jours s'il sera livré. "On fait aussi bar et presse, mais le tabac c'est notre produit d'appel. À un moment donné, si on continue à ne pas être livré, on va devoir fermer" se désole-t-il.
Sa détresse, Nicolas la doit à son fournisseur, Logista, basé à Colomiers. Dont les employés sont eux-aussi... en détresse. En effet, le groupe a prévu la fermeture de son entrepôt à Colomiers. Une cinquantaine de salariés risquent de perdre leur emploi.
"On n'a plus la hargne"
Depuis une semaine et l'annonce de sa fermeture par la direction, les 53 salariés alternent jours de grève et service minimum. Ces derniers entendent la grogne des buralistes, mais ils estiment ne pas avoir d'autres choix. "On travaille sans conviction. On n'a plus la hargne pour travailler. Oui, ça grogne chez les buralistes car ils ont besoin de nous. Mais certains nous comprennent" explique André, cariste depuis 24 ans dans cet entrepôt.
Cette fermeture, il l'a apprise "du jour au lendemain". Il détaille : "le directeur a annoncé la fermeture de Colomiers comme ça. Par une assemblée extraordinaire".
Une concurrence déloyale de l'Espagne ?
Représentant du personnel, Thierry abonde : "la direction nous vend la fermeture en nous disant que les volumes baissent, qu'il y a plus de 30% de contrebande, que les prix du tabac sont moins chers en Espagne et Andorre. Nous, malheureusement on n'y est pour rien !"
Tout juste ressorti d'une réunion avec la direction, il précise que les discussions sur le plan de sauvegarde de l'emploi n'ont pas encore débuté, bien qu'il ait été présenté à l'intersyndicale. L'entrepôt doit fermer au mois de septembre prochain. Mais les syndicats s'y opposent. "On trouve que ce n'est pas normal, poursuit Thierry. Ce centre de dépannage, même si c'est le plus petit de France, a son utilité. On sert 4500 débitants de tabac. On travaille sur un gros secteur qui va de Perpignan jusqu'aux Charentes, la Haute-Vienne et le Gard."
Outre la pénurie de certaines cigarettes en Haute-Garonne, les consommateurs vont subir une autre mauvaise nouvelle, mercredi 1er mars, puisque le prix du tabac va encore augmenter.
(Propos recueillis par Robin Doreau et Corinne Carrière)
