Le maire de Blagnac renonce à organiser une deuxième édition du Festival des Lanternes dans sa ville. Malgré un bilan très positif selon lui, la mairie doit désormais essuyer un déficit de 600.000 euros.
Le Festival des Lanternes ne s'implantera pas à Blagnac l'année prochaine. Ce mardi 8 mars, le maire de la ville, Joseph Carles, a annoncé sa décision.
Pour la première fois, le Festival des Lanternes, originairement implanté à Gaillac dans le Tarn, s'est tenu cette année en Haute-Garonne, dans le parc du Ritouret de Blagnac, à quelques kilomètres de Toulouse.
Du 1e décembre au 31 janvier, l'évènement a accueilli 410.000 visiteurs : 324.000 entrées payantes et 85.000 entrées gratuites pour les enfants de moins de 11 ans. "Une réussite totale", selon Joseph Carles.
Pourtant, 450.000 billets auraient dû être vendus pour équilibrer le budget. Résultat : la collectivité enregistre un déficit financier de 600.000 euros. Malgré un chiffre d'affaires de 5,3 millions d'euros et 2,5 millions d'euros d'investissement, l'évènement n'est pas rentable.
"Seule, la ville ne peut pas porter une nouvelle édition", indique Joseph Carles, maire de Blagnac. C'est pourquoi l'édile a sollicité l'aide financière de la Région, du département et de la métropole, notamment au vue de la forte fréquentation du festival par des visiteurs haut-garonnais (275.000 cette année).
Si nous n'avons pas de billets gratuits pour les enfants, nous n'aurions que peu de déficit. Ainsi, nous assurons un service public en donnant accès à la culture à ces jeunes. C'est pourquoi nous comptions sur l'aide des collectivités publiques.
La faute à la guerre en Ukraine ?
Le maire de Blagnac assure avoir été en négociations avec les différentes instances publiques, avant le début de l'invasion et la guerre russe en Ukraine. Depuis, selon lui, "le contexte géopolitique est devenu trop instable".
Face à la hausse des prix de l'énergie, des céréales, nous ne savons pas jusqu'où iront les conséquences économiques et sociales de la guerre sur notre quotidien. Les collectivités ont donc refusé finalement de nous suivre.
Joseph Carles, maire de Blagnac
Aussi, le maire de Blagnac explique la difficulté d'établir un contrat avec la Chine, sous-entendant la relation forte qui l'unit avec la Russie.
Mais malgré le trou budgétaire, Joseph Carles est formel : "Dans des conditions normales, nous aurions reconduit le festival sans hésiter".
"Un bilan très positif"
Pour l'édile et Patrice Gausserand, co-organisateur de l'évènement avec sa société Mag Conseil et ancien maire de Gaillac (Tarn), le festival a été un succès. Parmi leurs arguments : la présence du public malgré "un protocole sanitaire strict" (port du masque et pass sanitaire obligatoire) et "des conditions météo difficiles la première dizaine de jours d'ouverture".
"On nous avait promis l'apocalypse en termes de transport, or tout s'est bien passé".
Pourtant, le reste à charge s'élève à 600.000 euros. Et pour expliquer ce déficit, la municipalité a dressé une liste des facteurs coûteux comme le haut niveau de sécurité mis en place et la qualité des installations d'accueil (navettes, parc à vélos...).
Et la collectivité ne s'arrête pas là pour convaincre de la réussite du projet. Selon un sondage mené par la municipalité sur 1.600 foyers de la ville, 76 % des 285 riverains ayant participé à l'étude se disent satisfaits de l'organisation de l'évènement. Malgré "le sourire des visiteurs en quittant le parc du Ritouret et les étoiles dans les yeux des enfants", le festival ne s'implantera pas à Blagnac l'année prochaine.
Autre ville d'accueil en Occitanie ?
Patrice Gausserand s'est refusé à commenter une décision qu'il juge "politique". L'ancien maire de Gaillac, démis de ses fonctions suite à une décision de justice, co-organise toujours l'évènement. Il souhaite toujours voir le Festival des Lanternes se tenir dans la région. "Aucun lieu n'est pour l'instant arrêté, mais il y a des villes d'Occitanie qui se sont dites intéressées".
Ce matin dans les studios de France Bleu Occitanie, le maire de Blagnac était toutefois moins confiant : "Nous avions une exclusivité territoriale pour le sud de la France, l'Andorre en faisait partie. Dès lors que nous ne renouvelons pas, tout est ouvert."