Cette semaine se tient devant la cour d'appel de Paris la troisième semaine d'audience du procès en appel de la catastrophe d'AZF. Après une semaine consacrée aux constations et à la présentation des produits fabriqués dans l'usine, on rentre désormais dans le vif du sujet...
Cette troisième semaine d'audience constitue sinon un temps fort, du moins un temps-clé de ce troisième procès AZF...
Un temps consacré à l'enquête policière, l'enquête judiciaire et l'enquête technique et scientifique.
Tout ce qui va faire le coeur des débats est déjà là, dans ces trois jours.
La thèse de l'accusation est, on le sait, l'accident chimique, le mélange accidentel de deux produits incompatibles, le Dccna, un produit chloré, et le nitrate d'ammonium, tous deux fabriqués dans l'usine.
Le mélange aurait été fait le 21 septembre 2001, dans le hangar 221, épicentre de l'explosion.
Mais la défense, celle de Total, de sa filiale Grande Paroisse, celle de l'ancien directeur d'AZF Serge Biechlin, conteste fermement cette thèse, qu'elle juge impossible.
Elle veut croire à d'autres hypothèses accidentelles ou à l'acte intentionnel.
Depuis quinze ans, cette défense reproche à la justice d'avoir privilégié dès le début la piste chimique, au détriment des autres.
Policiers, magistrats et experts ont et vont donc, pour la troisième fois devant un tribunal, expliquer qu'au contraire, ils ont enquêté tous azimuts, dès le 21 septembre 2001.
Dans un site industriel gigantesque et dévasté.
Une usine dans laquelle, deux jours après le drame, des cadres de Total vont mener leurs propres investigations, constitués en commission d'enquête interne, sans que la police en soit informée, comme l'a rappelé le commissaire Robert Saby, mardi 7 février, à la barre.
Mercredi et jeudi 8 et 9 février, c'est le cratère qui fera l'objet de toutes les attentions.
Que dit-il de la détonation ? Du sens de la détonation ? De ce que contenait le sous-sol ?
Certaines parties civiles, dont des anciens salariés de l'usine AZF, ont fait savoir au début de ce troisième procès qu'elles souhaitaient un complément d'enquête et des fouilles dans le sous-sol du cratère pour tenter de retrouver des traces de nitrocellulose, produite durant la première guerre mondiale dans l'ancienne poudrerie de Toulouse.
L'accusation, quant à elle, estime que ledit sous-sol a été largement et suffisamment exploré, permettant d'écarter cette hypothèse.
Oui, cette troisième semaine d'audience est bien le préambule de tous les débats à venir.