Procès AZF : le spectre de l'acte terroriste

La sixième semaine du procès en appel de la catastrophe d'AZF qui se tient à Paris depuis le 24 janvier va revenir largement sur l'hypothèse d'un acte intentionnel. Une piste qui a suscité et suscite encore les débats les plus vifs entre l'accusation et la défense. 

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Deux journées d'audience du procès en appel d'AZF sont consacrées à l'hypothèse intentionnelle cette semaine (deux autres le seront la semaine prochaine) et elles risquent fort d'être longues... et animées.

Les 90 % du procureur Bréard

En toile de fond, cette éternelle question : la piste terroriste a-t-elle négligée par les enquêteurs ?
C'est depuis toujours la position de la défense et de certaines parties civiles, pour lesquelles policiers et magistrats se sont orientés très vite - trop vite ? - vers l'hypothèse accidentelle. Pour preuve, selon eux, la fameuse déclaration du procureur Bréard, le 24 décembre 2001 : "Il y a 90 % de chances qu'il s'agisse d'un accident !".

Pour la défense de Serge Biechlin (ex-directeur de l'usine), de Grande Paroisse et de Total, on s'est donc privé de 90 % de pistes de réflexion.

Le contexte international

Pourtant, l'explosion de l'usine AZF se produit dix jours après les attentats du World Trade Center à New-York. Dans l'esprit de tous les Toulousains, enquêteurs ou non, l'acte terroriste est forcément présent.  Et de fait, les policiers qui témoigneront pour la troisième fois en huit ans ne se priveront pas de le répéter.
Oui, le contexte international a forcément été pris en compte. Des traces d'explosifs ont été cherchés sur les corps, sans succès. Les lettres de revendication, au nombre de trois, ont fait l'objet d'investigations poussées mais n'ont pas été jugées crédibles.
De même, la piste d'Hassan Jandoubi, ce jeune manutentionnaire d'AZF décédé dans l'explosion, a bel et bien été explorée, au motif que le jeune homme portait plusieurs sous-vêtements ce jour-là, détail qui a été relié à des pratiques terroristes non prouvées. 

Cités par le parquet général, Marcel Dumas et Frédéric Malon, anciens policiers en charge de l'enquête, ne devraient pas dire autre chose qu'en 2009 et 2012 : tout a été exploré, rien n'a été négligé. La piste terroriste s'est éteinte d'elle-même...

La charge du juge Bruguières


Seulement voilà, ils seront également nombreux à apporter la contradiction. A commencer par l'ex-juge antiterroriste, Jean-Louis Bruguières. En 2012, lors du premier procès en appel de la catastrophe, celui-ci avait "assassiné" l'enquête toulousaine, l'accusant d'avoir négligé la piste Jandoubi. Jean-Louis Bruguières, témoin cité par la partie civile AZF, mémoire et solidarité, devrait répéter ce qu'il avait dit à l'époque : Toulouse était un "terreau islamiste". 

La défense ne s'est pas cachée, avant l'ouverture de ce troisième procès, que toutes ces questions étaient d'autant plus d'actualité que ce "contexte" toulousain était désormais connu. Les tueries de Mohamed Merah, les agissements de la communauté d'Artigat en Ariège en sont autant de preuves, selon elle. 




 
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