Procès du meurtrier présumé de la joggeuse de Bouloc : la famille de Patricia Bouchon à la barre

Vendredi 15 mars 2019, lors du second jour d'audience du procès du meurtrier présumé de la joggeuse de Bouloc, tuée en février 2011, la famille de Patricia Bouchon, son mari, sa fille, ses frère et soeur, ont été entendus. Sur la personnalité de la victime et sur les cinq années d'enquête.

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"Je suis là pour représenter Patricia".
Visiblement ému, Christian Bouchon raconte le calvaire vécu par sa famille. Un cauchemar qui commence le 14 février 2011.

Ce matin-là, vers 4h30, Patricia Bouchon part faire son footing, comme elle en a l'habitude. Dans la commune de Bouloc où elle réside, cette mère de famille, assistante dans un cabinet d'avocats toulousains, court 35 minutes. Un timing bien réglé, comme sa vie.

Alors qu'elle part dans la nuit, son mari Christian dort encore. Il doit se lever à 6 heures. Un taxi l'attend pour l'amener à l'aéroport de Toulouse. Christian est très souvent en déplacement pour son travail, l'installation et la rénovation de magasins partout en France. Le lundi est son jour de départ, tout est soigneusement minuté. "Je me suis inquiété vers 7h15 car Patricia n'était jamais en retard".

Christian Bouchon raconte. En détails. Sa sortie dans le quartier pour chercher sa femme. La panique qui monte. La peur de l'accident. Et pour finir, l'appel aux gendarmes.

Sa fille Carlyne le rejoint à la gendarmerie de Fronton : on est dans le cadre d'une disparition inquiétante. "Vous passez par des états catastrophiques. La thèse de l'accident s'éloignait. J'ai commencé à avoir terriblement peur", explique Christian Bouchon.

Dès le lendemain, devant l'importance des équipes de recherches, il a le sentiment "qu'on cherche désormais un corps".  Quelques heures  plus tard, quand les gendarmes lui présentent le chouchou et une boucle d'oreille de Patricia retrouvés dans une impasse, "c'est la catastrophe".

Après la découverte du corps de Patricia, un mois après sa disparition, Christian Bouchon sombre. "Un trou noir. C'était la fin. Jusqu'à ce moment, l'espoir était permis".

Très vite, il quitte Bouloc et la maison achetée avec Patricia, la première de leur vie conjugale de 36 années. "Je ne pouvais plus rentrer dans la maison, je la voyais partout".

En retrait - volontaire - de l'enquête, Christian Bouchon s'abîme dans le travail. En tant qu'époux, les gendarmes envisagent brièvement sa culpabilité, il ne s'en rend même pas compte.
Il tente de lutter contre les remords : "un mal qui me ronge de ne pas avoir empêché cela".

En début d'audience, Christian Bouchon a exprimé son incompréhension, suite aux débats de la veille, qui ont vu l'avocat général "malmener" les enquêteurs. "La partie civile est blessée, limite outragée" par cette posture "partiale", a-t-il déclaré, provoquant aussitôt un mouvement d'humeur de la part de l'avocat général.

Le président de la cour d'assises a longuement rassuré l'époux de la victime : "C'est une affaire extrêmement complexe. Nous sommes dans une démarche loyale et honnête. Rien n'est joué, monsieur Bouchon..."




* Le procès de Laurent Dejean, jugé pour le meurtre de Patricia Bouchon, se tient jusqu'au 29 mars 2019.

 

"Ce jour-là, on m'a enlevé le coeur"
Carlyne Bouchon, la fille de Patricia et Christian Bouchon, a pris la parole à la barre, après son père.
"Ce jour-là, le 14 février 2011, jour des amoureux, on m'a pris ma mère, on m'a enlevé le coeur", commence la jeune femme, aujourd'hui âgée de 35 ans.

Jusqu'à la découverte du corps de sa mère, en mars 2011, Carlyne est dans le déni : "J'étais spectatrice de la situation". Mais à la différence de son père, elle s'implique dans l'enquête, les gendarmes la tiennent informée de chaque élément nouveau.

Pour elle, l'arrestation de Laurent Dejean, plus de quatre ans après les faits, est un soulagement. Car depuis la mort de sa mère, Carlyne ne sort plus de chez elle, elle a peur de tout. Après l'incarcération du meurtrier présumé de Patricia Bouchon, elle a le sentiment qu'elle va pouvoir réapprendre à vivre. 

Concernant l'accusé, elle reconnaît que "le fait de ne pas avoir d'aveu pousse au questionnement" mais elle a confiance dans l'enquête et tente une explication au silence : "Peut-être ne supporte-t-il pas ce qu'il a fait à ma mère ?". 

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