Suite à l'annonce par le Rectorat de Toulouse de baisse de moyens et de fermetures de sections à la rentrée de septembre 2022, deux lycées professionnels se mobilisent, à Saint-Girons en Ariège et à Gourdan-Polignan, au sud de Toulouse.
C'est une "logique comptable" qui ne passe pas. Au lycée des métiers Paul-Mathou de Gourdan-Polignan, au sud de Toulouse, les annonce du Rectorat suscitent colère et inquiétude.
Ce lycée polyvalent propose plusieurs spécialités, dans les domaines des travaux publics et du bâtiment. Mais à la rentrée de septembre 2022, le Rectorat envisage de réduire les effectifs du BTS Travaux Publics et du Bac Professionnel maintenance des équipements industriels. Et de supprimer le CAP peintre-carrossier. Un coup dur pour le lycée situé en milieu rural. Double conséquence : de probables suppressions de postes d'enseignants. Et des élèves contraints d'aller étudier ailleurs, dans des villes plus importantes, comme Toulouse ou Tarbes.
L'équipe pédagogique, sous le choc de cette annonce, dénonce des "réductions de moyens qui vont encore agrandir la fracture ville/campagne entre la métropole et le Comminges en réduisant le choix des élèves entrant dans notre établissement rural".
Pour sensibiliser élus et habitants à cette menace, une marche a lieu ce matin, lundi 31 janvier, entre Gourdan-Polignan et Montréjeau.
Même scénario en Ariège
Et c'est la même incompréhension qui anime les enseignants et les élèves du lycée Aristide-Bergès de Saint-Girons, en Ariège. Là encore, des "coupes franches" ont été annoncées par le Rectorat pour la rentrée de septembre. Cet établissement qui forme aux métiers du bâtiment verrait sa section Gros Œuvre "gelée", ce qui équivaut à une fermeture en 2023. "Comment imaginer un lycée qui forme aux Métiers du Bâtiment sans section Gros Œuvre et très rapidement sans section Aménagement et Finition. Les deux sections étant regroupées dans les enseignements généraux, c’est la moitié de l’offre de formation du Lycée Aristide Bergès en section bac pro qui est menacée" écrit l'équipe éducative, dans un courrier adressé aux élus des collectivités locales.
La communauté du lycée est dans l’incompréhension dans la mesure où nous avons les moyens disponibles pour faire fonctionner cette section en heures d’enseignement, en postes d’enseignants, en locaux et matériels, et où les demandes des professionnels sont importantes.
"C'est incompréhensible", explique Benoît Mousset, enseignant de l'option "Gros Œuvre". "Il y a quatre ou cinq ans, j'aurais compris, on avait de très petits effectifs. Mais là, ce n'est pas le cas ! Evidemment, on ne peut pas être comparé à un lycée de Toulouse, mais on a les élèves. Si cette section ferme, les élèves n'iront pas à Toulouse, ils vont décrocher, on va les perdre, alors qu'il y a de la demande dans les entreprises".
Une manifestation aura lieu mardi 1er février, devant le lycée, à partir de 9 heures, pour "défendre la filière et dénoncer cette décision aberrante". "Nous sommes soutenus par le maire de Saint-Girons et par les chefs d'entreprises de la filière, qui est actuellement sous tension. La proviseure du lycée a été reçue au Rectorat il y a une semaine et semblait avoir été entendue. Mais la décision est maintenue, c'est inimaginable, on ne lâchera rien", assure Benoît Mousset. Une pétition est en ligne qui a déjà recueilli près de 300 signatures.
La présidente du conseil départemental de l'Ariège, Christine Téqui, a réagi vivement à l'annonce de ces suppressions, indiquant qu' "au motif que la filière des métiers du Bâtiment n’attire plus les jeunes, le Rectorat veut sacrifier la filière du bac professionnel dans cette discipline, au lycée Aristide-Bergès à Saint-Girons".
L’Education Nationale signe l’arrêt de mort de cette filière, au moment où nos entreprises s’organisent pour répondre au mieux à l’effort de relance engagé par toutes les collectivités, mais peinent à trouver de le main d’œuvre qualifiée ; au moment où tous les Départements, et particulièrement le nôtre, consentent de gros efforts pour le retour à l’emploi de milliers de personnes, en particulier dans les métiers du manuel et du Bâtiment ; au moment également où la Région investit massivement dans cet établissement, pivot de la formation en Couserans.
Christine Téqui, président du conseil départemental de l'Ariège
Il semble que d'autres sections, dans d'autres lycées des métiers de la région, soient pareillement concernées. A l'heure où nous écrivons, nous ne sommes pas parvenus à recueillir de plus amples informations auprès du Rectorat.