Laurent Mauvignier fait partie des 28 auteurs qui signent ce 19 novembre chacun une tribune dans Le Monde des Livres, après les attentats de Paris.
L'écrivain toulousain Laurent Mauvigner signe ce jeudi 19 novembre, comme 27 autres écrivains français et étrangers, une tribune dans l'édition du Monde des Livres, supplément du journal Le Monde daté du 20 novembre, sur la littérature après les attentats de Paris ; des tribunes réunies sous la bannière "Ecrire sans trembler".
Dans "Regarder la mort en face", Laurent Mauvignier explique dans ce texte que les attentats vont forcément habiter les livres. Pour lui, il n'y a pas dans l'histoire (que les journalistes appellent l'actualité) de phénomène de masse, de foule, mais plutôt "l'addition de destins individuels".
Ecrire sur la mort qui frappe collectivement, c'est un exercice auquel l'auteur s'est d'ailleurs déjà confronté à de nombreuses reprises, notamment avec "Dans la foule" en 2006 sur le drame du stade du Heysel ou encore "Des hommes" en 2009 sur des destins d'appelés brisés pendant la guerre d'Algérie.
Nous reproduisons ci-dessous, une petite partie de la tribune de Laurent Mauvignier. L'intégralité est à lire dans Le Monde daté du 20 novembre ou sur le site internet du journal (lien payant).
"Regarder la mort en face", par Laurent Mauvignier
Je ne vois pas comment les attentats qui nous frappent, à force d’habiter nos pensées, pourraient ne pas habiter nos livres.
Voilà en quoi revient, pour moi, cette question d’écrire avec la mort, avec le réel, avec la violence qui nous entoure et nous concerne. On peut y répondre en écrivant des livres, certains le feront ; on peut aussi y répondre en refusant aux terroristes le pouvoir de coloniser notre esprit et notre travail. C’est une question qu’il faut se poser, qu’on se pose toujours : comment ramener ce qui nous ébranle dans le champ de nos interrogations, sans rien céder de ce que nous sommes.
Car la littérature doit prendre le temps de mesurer l’impact de ce que notre vie subit. Elle ne doit pas se laisser corrompre – comme l’acidité corrompt – par l’émotion et la sidération. L’écrivain doit prendre le temps de la mise en perspective, et, dans le cas des romanciers, prendre le temps d’interroger la violence par le prisme de sa pratique, qui n’est ni celle de la philosophie, ni celle de la sociologie, de la psychologie, etc., mais qui pourtant les enveloppe et les concentre dans ces expériences simulées qu’on appelle fictions.
Un roman n’a pas besoin d’être ostensiblement politique ou polémique pour dire quelque chose qui l’excède. Lire la suite.